vendredi 28 décembre 2007

Première mondiale!

La photo provient d'ici


Bhutto morte en heurtant le toit ouvrant de la voiture, cyberpresse, 28 déc. 2007


Yeah, right...

Citation du jour...

«On n’est pas pressés d’avoir des élections», dit Mario Dumont


Ça va leur donner le temps d'aller finir leur sixième année du primaire...

jeudi 27 décembre 2007

Vivre dans la "Zone"

J'espère que vous avez bien digéré la dinde, la farce et le vin Auberge. Mis à part un moment de stupéfaction en apprenant la mort de Benazir Bhutto ce matin, mon bonheur se poursuit. Je suis, plus ou moins de façon constante depuis hier, dans la "zone". Vous savez, cet état mental qu'on retrouve souvent chez les sportifs de grand niveau et qui correspond, selon Mihaly Csikszentmihalyi, au Flux, sensation de facilité mêlée à un sentiment de confiance suraigüe. On pourrait aussi appeler cela la présence.

Comme mon ami Renart le fait ici sur son blogue, je vous propose d'abord trois excellents livres d'où je tiens cette nouvelle approche de la vie. Je poursuivrai sur la question de la "zone" dans un prochain billet, histoire d'expérimenter pendant encore quelques jours et dans différents contextes.

D'abord, un classique:
Krishnamurti, Le livre de la méditation et de la vie.


Pas tout à fait accessible à tous les intellects, mais en même temps, je dirais que ça doit marquer l'inconscient de tous et chacun suffisamment pour opérer une prise de conscience. Sauf que je peux comprendre pourquoi j'ai mis autant de temps (des années) avant de me lancer sérieusement dedans. Thèmes abordés : la souffrance, le désir, l'amour, la mort, à partir d'une perspective que je qualifierais de déconstruction de l'égo et de la prison du mental.



Second bouquin, un autre incontournable des chercheurs de non-sens :
Lao-Tseu, Tao Te King, le livre de la voie et de la vertu.

Encore une fois, faut avoir envie de se lancer, parce qu'on aborde la question du sens d'une façon si en phase avec la linéarité à laquelle est habitué notre esprit. Ça fucke la tête assez rapidement, mais c'est très court. Comme pour Krishnamurti, la compréhension se fait par infusion. Déposer le livre après l'avoir lu, c'est comme mettre l'eau bouillante sur la poche de thé. Laisser infuser quelques temps et ça devient plus clair.


Surprise de Noël

Ma blonde a laissé traîner (un bien grand mot) le prochain livre dont je vais faire la présentation sur la table de chevet pendant plusieurs semaines. Je dis traîner, mais elle le lisait à petite bouchée (l'ayant déjà lu). Je ne devais pas être dû avant, mais je n'avais aucun intérêt à même lire le résumé derrière, tant la couverture me laissait indifférent. Les choses ont changé, par un pur hasard. Ces temps-ci, je fais pas mes nuits. Je me suis donc retrouvé incapable de me rendormir hier matin après un réveil causé par je ne sais quoi, et c'est là où j'ai fait le saut.
Je me suis dit, et je ne blague pas : "ce livre a tout à fait l'air d'un somnifère, ça ne peut pas nuire."
Une demi-heure plus tard, j'étais comme si je venais de vivre l'illumination.

(roulement de tambour)...


Eckhart Tolle, le pouvoir du moment présent.

L'auteur, un être lumineux qui ressemble un peu à un farfadet sur l'Extasy (je vous le jure), nous fait prendre conscience des bienfaits de mener une lutte sans merci à notre MENTAL. Ce qu'il nous explique, avec, ma foi, un verbe accessible et un concept de "Questions/réponses", c'est un peu comme s'il existait deux êtres en nous. En mes mots, je dirais l'essence, soit ce que vous êtes profondément. Ensuite l'égo, qui serait en sorte la personnalité du corps, existant dans l'espace temps et passant tout ce temps à effectuer des analyses et des calculs pour tout expliquer. L'erreur que nous ferions tous, serait de nous identifier à l'égo, qui lui n'a d'autre intérêt que de préserver l'enveloppe (d'où mon appellation de "personnalité ou identité du corps".

Voici l'exemple tiré du livre pour expliquer en de mots simple comment on peut ressentir ce concept. Dans un moment de profonde dépression, l'auteur se dit :

" "Je ne peux plus vivre avec moi-même". Cette pensée me revenait sans cesse à l'esprit. Puis, soudain, je réalisai à quel point elle était bizarre. "Suis-je un, ou deux? Si je ne réussis pas à vivre avec moi-même, c'est qu'il doit y avoir deux moi : le je et le moi avec qui le je ne peut pas vivre. Peut-être qu'un seul des deux est réel?". Par la suite, Tolle fait ce qu'on pourrait appeler un effondrement de l'égo. Réussissant à faire taire le babillage incessant de l'esprit simplement en portant son attention sur le babillage en soit, il dresse son mental et découvre la béatitude de l'instant présent.

Comme là, en ce moment. J'écris, je suis au chaud, je vis ce moment dans une clarté certaine, et je ne pense à rien, si ce n'est qu'à chaque mot qui "sort" de mes doigts. Je ne me demande pas ce que vous pourriez en penser, ni si l'idée générale du billet portera. Je ne fais qu'écrire et, si je ne pense ni au passé (à partir de la seconde qui vient juste de s'écouler), ni au futur (quel phrase poursuivra celle-ci), je ne peux qu'être heureux. Le ressassage et/ou l'anticipation ne peuvent que générer le malheur, la colère, l'anxiété, etc. , mais en même temps, l'égo existe pour et grâce à l'espace-temps.

Autres extraits forts pertinents :

"Essentiellement, le mental est une machine à survie. Attaque et défense face à ses « congénères », collecte, entreposage et analyse de l'information, voilà ce à quoi le mental excelle, mais il n'est pas du tout créatif. Tous les véritables artistes, qu'ils le sachent ou pas, créent à partir d'un état de vide mental, d'une immobilité intérieure. Puis, c'est le mental qui donne forme à l'impulsion ou à l'intuition créative. Même les plus grands savants ont rapporté que leurs percées créatives s'étaient produites dans des moments de quiétude mentale."

"Si vous voulez vraiment apprendre à connaître votre mental, observez l'émotion, ou mieux encore, ressentez-la dans votre corps, car celui-ci vous donnera toujours l'heure juste. Si, apparemment, il y a un conflit entre les deux, la pensée mentira alors que l'émotion dira la vérité. "

Pour ceux et celles qui seraient intéressés à faire fermer la gueule de cette petite conversation mentale incessante qui nous ramène dans le passé pour appréhender dans l'angoisse l'avenir, vous pouvez trouver un long extrait du bouquin ici.

En ce qui me concerne... bon, j'arrive à la faire taire une minute à la fois. Et à chaque fois, c'est comme une heure de pur bien-être. Imaginez une semaine... une vie. Cela dit, comprenez bien que Tolle ne nous dit pas de devenir itinérants et de passer sa vie à regarder tomber les flocons de neige. Simplement que... essayez de ne pas penser pendant une minute. Zéro, niet, flatline. C'est parfois plus dûr que de passer un lacet dans le chas d'une aiguille à coudre standard. Du moins, ça m'a pris 34 ans, mais là je trippe. Dès lors qu'on pénètre le territoire de la "non-pensée", la lucidité, la clarté, prennent le relais. C'est encore mieux, non?

Pendant que vous méditez là-dessus quelques minutes, je me pousse pour aller ne pas penser à tout ça. Si c'est cette étape là de mon texte qui vous intéresse (le "je me pousse"), je vous recommanderais "Éloge de la fuite", d'Henri Laborit. Héhé.

Et pour être conséquent, je ne me relirai pas.

mardi 25 décembre 2007

La paix de Noël





Ahhhh, vive la paix de Noël. Il n'y a pas eu de véritable Noël pour moi, dans ma demeure ou ailleurs depuis, quoi, quinze ans ou même plus. Ou plutôt, peut-être que je vis, depuis ces quize années, le parfait bonheur de Noël. Aucun stress, moins de 100$ de dépenses, pas d'ostie de musak de Noël et du plaisir. Comme si ça devait être compliqué.

Parfois, je fais un souper des orphelins de Noël, ces amis qui comme moi n'en n'ont rien à foutre. Alors on parle de tout, sauf de Noël. Bon, oui, quand à un moment donné quelqu'un se rend compte qu'il est minuit, on fait un toast et on reprend là où la conversation s'était arrêtée:


"Je pense pas que Bush va pouvoir attaquer l'Iran, trop d'agences gouvernementales sont contre lui.

-C'est une question de semaines, de mois, j'te dis!

-Non mais tu trouves pas que c'est mal parti? Que le monde voit clair?

-Pentoute! La majorité des Américains est prête à attaquer l'Iran.


-Bon, ben qu'ils s'essaient; on regardera le show, comme d'habitude. Ça risque d'être plus intéressant, à coup de champignons atomiques.

-Ouais mais les vents dominants s'en viennent jusqu'ici. On aurait aussi un hiver nucléaire.
-On a juste à checker les patterns de vent et trouver un spot plus sûr. Au pire, on demandera asile au Nunavut.

-Ouain, va falloir que je me mette à aimer le poisson, et le phoque. On aura plus d'oranges à Noël, boouuuh!


-Crétin.


-Encore un peu de Vodka-Fresca?


-Double, s'il te plaît. C'est bon en ciboire le Fresca, moi qui n'aime pas l'amertume du pamplemousse.


-Christ, vous aviez acheté de la bouffe pour les fins pis les fous! Ça a dû être l'enfer d'aller faire cette épicerie là...

-Du tout, dimanche soir, à dix heures et quart, le Provigo était vide. Je connais pas ça, la folie des fêtes. Et j'ai trouvé la meilleure façon d'éviter ça: Rien d'organisé, je m'achète de la bouffe la veille et s'il y a du monde qui ne font rien, on se ramasse quelque part et on se paie une virée entre gens qui s'aiment.


-Oui, mais la magie des enfants?

-Voir des minous capoter devant une canne de thon, c'est un moment de bonheur aussi..."

Bof, à 3 ans, j'ai, pour la première fois, découvert le pot au roses (mes cadeaux et le mensonge de Noël) en ouvrant la porte du garde-robe de la chambre de mes parents. Ce fut la première d'une longue série de Noëls où j'avais accès, moyennant des talents d'agent secret, à mes cadeaux deux-trois semaines avant Noël. Cette année là, j'avais fait un trou dans la boîte de ma future moto "Evil Knievel" et, avec ma petite main, je touchais le jouet, le palpais, m'imaginais tout ce que j'allais pouvoir faire quelques semaines plus tard.

Et le père Noël. Je ne me rappelle pas si je l'avais fait remarquer à la famille, mais je me rappelle bien avoir reconnu mon oncle Jacques sous la fausse barbe. Faut dire qu'il avait une voix facile à reconnaître. Mais j'ai joué le jeu pendant des années avec les multiples émules du Père Noël; l'important était uniquement d'avoir mon ou mes cadeaux. Le bâton et la carotte. Sois sage et cadeaux tu auras.

Aujourd'hui, je regarde la période de l'Avent comme le visiteur d'un zoo. L'homo consumeris est une bête ma foi étrange, voire stupide, mais sa façon de rationaliser sa bêtise est tellement touchante que je ne peux que l'aimer, comme j'aime mes chats. Ils ne comprennent pas grand chose à la raison, mais quand leurs yeux s'illuminent au son d'une canne de thon qu'on ouvre, je me sens comme le père Noël qui voit les petits de l'Homo Consumeris ouvrir leurs cadeaux.

À 0,99$ la canne, mes chats fêtent Noël une fois par semaine, eux. Quant à l'empreinte écologique, de cette grande fête hebdomadaire, je peux gager qu'elle est minîme.


"Et toi, et toi, direz-vous? Tu n'aimes pas ça les cadeaux?"





Eh bien, en tant que cousin de l'Homo consumeris, nous n'avons pas les mêmes moeurs. Si je ne possède pas quelque chose, c'est que je n'en ai pas besoin. Au cours des dernières années, quand ma mère me demandait ce que je voulais pour Noël, ça me prenait six mois à répondre et on était arrivé à ma fête. Elle s'est tannée et m'offre maintenant un certificat cadeau pour m'acheter du linge. Ça fait mon affaire; un certificat cadeau me sert au moment où j'en ai besoin, et du linge, je finis toujours par en avoir besoin. Les employés de chez Simons me font toujours une drôle de gueule quand j'arrive avec un certificat cadeau qui date de 4-5 mois, mais bon, faut y aller quand faut y aller (sic), pas avant.



Sur ce, bonne chance dans vos mille activités dans vos cinquante familles reconstituées à faire en moins de 2 jours. Je m'en vais commencer une nouvelle série télé, bien peinard.

mercredi 19 décembre 2007

Le bonheur est dans rien...

Ah-ha, ce titre est somme toute confondant et pourrait faire croire à un billet on ne peut plus, disons, ténébreux. Mais non, bien au contraire.

Le bonheur est dans rien, c'est que dans ma recherche de non-sens, j'ai vraiment décroché. Ne cherchant plus de sens, j'ai assisté, à mon grand bonheur, à la disparition, non pas des irritants du monde , mais bien du fait que j'étais irrité par certaines démonstrations spectaculaires et quotidiennes de la bêtise humaine. Dès lors s'est installé un bien-être grandissant. Libérateur.

Mais que faire contre l'injustice si ce n'est que de lutter? Surtout quand vous êtes moi? Euh, je n'en sais trop rien. Et pour l'instant, ce n'est pas trop grave. Je me contente d'être gentil et d'attendre une inspiration qui va me brancher. Ça me va bien vous savez, de ne pas être en tabarn&?%$/. Ça me rajeunit presque (ce qui n'est pas forcément une bonne chose, je vais recommencer à me faire carter). Je sais une chose, par contre, c'est que ma vie, bien que je l'espère profitable à au moins une personne de plus que moi seul, ne sera plus orientée vers la lutte.

J'ai aussi reçu dernièrement, un étrange conseil, quoique relativement logique lorsqu'on y pense. D'essayer d'avoir toujours les deux pieds au sol. Quand je pitonne, quand j'écoute des trucs, quand je discute avec les gens. Groundé, la majeure partie du temps. Ça a un effet, je ne sais pas trop lequel, mais dans mon cas c'est positif.

Voilà. Page blanche, pas d'image, je suis crevé et j'me lève dans plus ou moins quatre heures.

/déconnected

lundi 26 novembre 2007

La toile


Il est parfois intéressant de regarder de haut la vaste toile que constitue l'existence humaine. D'essayer de percevoir l'enchevêtrement complexe de fils tissés au cours de milliers, voire de millions d'années. Qu'un simple changement d'humeur de la part du plus petit d'entre nous peut avoir des conséquences catastrophiques ou au contraire, totalement merveilleuses.

Qu'en tenant compte des six degrés de séparation entre chaque être humain, mon humeur peut et va influencer celle de gens, qui se la transmettront, du facteur au chauffeur d'autobus en passant par l'animateur de lignes ouvertes. Il y a certainement des personnes insensibles à tout ce brouhaha, mais leur insensibilité ne sera pas sans affecter les gens autour d'elles. D'où l'importance de cultiver la vertu.

Je me suis amusé dernièrement à prendre conscience des réactions que pouvaient susciter les gens chez moi, et de la réaction en chaîne que cela pouvait causer. Quand je sers la boisson aux tables, j'ai droit à une panoplie d'interactions avec les gens. L'impatient grognon, le prétentieux à l'accent parisien, le solitaire au bar en quête d'amour, la légion d'indécis et les tribus, - ceux qui se déplacent en gros groupes, tentant de se faire une place dans les endroits restreints et déjà remplis-, tous me fournissent suffisamment d'éléments pour observer à petite échelle puis me transporter à plus grande échelle et prendre le pouls du monde. Chaque interaction crée le monde. D'abord par l'individu, puis l'interactions des individus en petits, puis en plus gros groupes, jusqu'au groupe planétaire, certains individus ayant plus ou moins d'influence sur un plus ou moins grand nombre d'individus.


Mais détrompez-vous. Même le plus petit d'entre nous, je le rappelle, a un potentiel infini d'influence. Le Québec se trouve dans la tourmente "ethnique" pour : 1) une vitre teintée 2)Un sandwich au jambon, 3)20 minutes de piscine 4) Un cours prénatal 5)Une rumeur sur le vote voilé et quelques autres futilités du genre. Ce qui ne veut pas dire que le débat ne devait pas avoir lieu. Simplement que la plus petite niaiserie, si elle trouve la bonne courroie de transmission et s'agglomère avec d'autres petites niaiseries, peut causer quelque chose de gros.

Imaginez vous, pendant quelques minutes, les conséquences possibles de chacun de vos gestes durant une journée. Votre sourire matinal a peut-être contaminé la journée de centaines, même de milliers de personne (par exemple si vous prenez le métro). Idem pour votre mauvaise humeur chronique. Pensez aux implications sociales des parfums horribles et envahissants dans un métro bondé à 8h le matin. Ou aux gestes touchants de beauté. Votre attitude a peut-être eu des répercussions jusque dans une salle de nouvelles, ou une salle de réunion du Ministère de la défense.

Je ne sais pas comment conclure ce billet. Je vais aller fumer.

jeudi 22 novembre 2007

Essai expérimental sur la pauvreté (quatrième partie)

Je sais, je sais, ce fut très, mais très long. D'abord, le travail, ensuite une vilaine bronchite, et puis un je ne sais quoi qui m'enlevait toute envie d'écrire (mon prochain billet en parlera plus à fond). Je devais quand même aller jusqu'au bout de cet essai. Il peut encore en sortir quelque chose de bon. Et j'aurai enfin couché l'ensemble de ma pensée sur la question.

Le complexe militaro-industriel de la pauvreté.

image provenant du site Theage.com.au

L'industrie de la pauvreté

La pauvreté est le terrain de bataille du complexe militaro industriel de la pauvreté. D'un côté, l'industrie de la pauvreté, c'est à dire les organismes charitables et leurs bailleurs de fonds, c'est à dire beaucoup de monde et surtout d'entreprises. Leur but, donner bonne conscience tout en occultant toute réelle possibilité d'éliminer ce qui leur est nécessaire, c'est à dire une masse de pauvres (environ 15% d'une population donnée) pour appliquer une pression continue à la baisse sur les salaires et les conditions de travail. L'industrie de la pauvreté, comme l'industrie "at large", dispose de beaucoup de moyens et de beaucoup de visibilité médiatique. Elle persiste à faire croire à la masse que les pauvres le sont par choix, sans égard aux principes physiologiques dont j'ai fait état dans mes billets précédents.


Photo provenant de www.csn.qc.ca

Les armées de la pauvreté


De l'autre côté, le complexe militaire de la pauvreté : les organismes de défense de droits. Ceux-ci détiennent aussi l'information et veulent la faire rayonner, mais, comme la gauche, à leur façon. Exit les vedettes; ce sont les pauvres eux-même qui doivent se libérer. Exit le glamour, la vérité doit être servie crue. Exit l'idée d'aller rassembler une masse critique de pauvres pour frapper la conscience collective, on se bat au compte-gouttes et toujours en réaction à de nouvelles politiques. On parle son propre langage plutôt que celui de la masse. Et on mène la lutte de la même façon qu'il y a quarante ans, malgré l'accumulation de défaites et de reculs.

Il faut dire que, des deux côtés du complexe militaro-industriel de la pauvreté, il y a des tonnes de gens qui deviendraient pauvres s'il n'y avait plus de pauvreté. Et des tonnes de gens qui digèreraient mal leur souper devant la réalité.

Et les pauvres, eux?

Pendant ce temps, les pauvres vivent littéralement aux portes de l'enfer. 1 an et demi à observer de haut au FCPASQ et 6 mois dans Hochelaga à côtoyer leur quotidien m'ont, tout d'abord donné mes premiers cheveux blancs, puis, fait prendre conscience que la réalité derrière les statistiques, déjà peu reluisantes, aurait pu me rendre fou tant elle était d'une inhumaine intensité.

Chaque jour, nos gouvernements infligent ou laissent subir à nos propres concitoyens des supplices physiques et psychologiques qui font que, si vous tombez à court de ressources financières, vous n'avez que quelques mois avant de commencer à souffrir de troubles mentaux et de maladies dont vous ne connaissiez même pas l'existence. Nos pauvres ne sont pas gras dûrs. Certes, il y en a. Mais je vous garantis sur ma tête que le pourcentage de riches qui usent de stratagèmes pour fourrer l'impôt est pas mal plus élevé que celui des assistés sociaux qui volent le gouvernement. Et Dieu sait que, dans un des deux cas, le faire constitue une situation de vie ou de mort. Et qu'un des deux groupes se pousse avec près du quart (sinon plus) du budget global de l'État Québécois. Pourtant, quand on parle de légiférer, lequel des deux groupes est celui qui écope?

La pauvreté entraîne la maladie. La maladie coûte cher à l'État. Le manque de formation coûte cher aussi. Mais, comme doivent penser certaines personnes, si on laisse les pauvres crever, tôt ou tard ils vont pogner quelque chose qui va nous contaminer. Alors on fait le minimum. Ça engorge le système de santé mais on trouve mille et une autres raisons de dire que le système est malade, de peur de déclencher une hystérie collective contre les pauvres, ou contre les riches eux-même. Quand on a besoin d'argent public, on prétend "serrer la vis", ça rassure le public mais ça tue des gens.

Nombre d'entre vous allez sûrement donner du temps, de l'argent ou des denrées pour les paniers de Noël ou le Club des petits déjeûners lors des prochaines semaines. Peut-être le faites vous régulièrement. Je ne vous dis pas de ne pas le faire, comme j'aurais pu il y a quelques années. Simplement que vous sachiez ceci : quand vous le faites, l'État se retire un peu plus de l'assistance immédiate aux pauvres. Certes, il y aura soulagement immédiat de la faim, de la solitude, mais l'année qui suit va être plus rude. Alors à qui la charité fait le plus de bien?

En terminant, amusez-vous:

JE TOMBE SU'L BS!
basé sur un jeu créé par le Collectif pour un Québec sans pauvreté

Vous tombez sur le BS, là, comme ça, dans la situation dans laquelle vous êtes. On vous donne 550$ le premier du mois et vous avez le droit de gagner 200$ dans votre mois. Il n'y a plus de job dans votre domaine et votre garde manger est vide (je vous laisse les condiments), pas de marge ou carte de crédit. Vous êtes un vrai pauvre.

Postez moi un commentaire dans lequel vous me donnez, grosso-modo, votre budget quotidien sur le modèle suivant.

1er : 400$ loyer, 75$ hydro, 30$ épicerie (505$), reste 50$
2: 25$ téléphone, reste 25$

et ainsi de suite.

Voyez combien de jours, avec vos obligations actuelles, vous pourriez survivre.


La suite, éventuellement...

Quête de sens.

Je suis entré dans une drôle de période. Soudainement, j'ai eu la vive impression que ce dont j'étais témoin, dans notre monde, dans la société, la blogosphère, n'était qu'un simulâcre d'opéra savon. Un soap qui se prolonge depuis des millénaires, voire même des millions d'années.

Guerres, dominants-dominés, idéologies, brebisme (sic), oppression, misère, oeillères, voilà le quotidien humain depuis toujours. Certes, il y a de très belles choses qui se passent parmi nous, il y en a toujours eu. Des gouttes dans l'océan, pourtant.

Avez-vous parfois cette impression que, de nos jours, le Diable a pas mal plus d'avocats que les autres? Moi, si. Ça me gossait sérieusement, intérieurement, de voir les grands jouer à la victime et les petits passer pour les méchants. Comme dans la toune.

J'ai cherché du sens à travers la défense des autres, une certaine critique du monde, à travers l'espace politique; tout ce que j'y ai trouvé n'est que déception et frustration.

Il y a de cela quelques mois, je réfléchissais à la possibilité pour moi de n'accorder aucune importance à la bêtise humaine, à la merde qu'elle crée. Ça n'a pas été possible. Je suis vite retombé dans le piège du quotidien mal foutu de l'humanité. Accomodements raisonnables, jeunesses Adéquiennes (merci Chapleau), gouvernements pourris et électeurs tout aussi pourris. J'ai tenté de comprendre, de trouver, en vain, un sens à tout cela.

Je n'arrivais même plus à écrire, faute de sens.

Hier, on m'a suggéré un exercice à faire pendant quelques semaines. Cesser de chercher un sens, arriver même à croire qu'il n'y en a pas. Faire le vide de sens et avancer dans la vie sans ce questionnement incessant.

Observer, simplement, les Adéquistes faire l'illustration de ce que nous avons déjà été il y a quelques millions d'années, le PQ s'empêtrer dans sa recherche du pouvoir, le peuple tiraillé et diverti de toutes parts pour qu'il ne puisse se poser des questions plus pertinentes que "le temps qu'il fera demain" ou "condamnerons nous un politicien pour sa corruption passée alors que la corruption pourrit encore tous les niveaux de gouvernements?", ou "qui va rester dans le Loft?"etc.

Observer et m'abstenir d'y chercher un sens.

Je disais dernièrement que puisque Caillé se présentait pour l'ADQ dans le comté de Bourget, j'offrirais mes services au Parti Québécois pour lui faire la lutte. Eh bien, je l'ai fait. J'ai pris contact avec quelques personnes ayant accès au bureau de la Cheffe pour leur faire part de mon intérêt, puis j'ai appris par les médias que Maka Kotto serait l'homme de la situation. Ça me va. Comme je l'avais dit à mon entourage, la politique m'a toujours intéressé, mais je ne veux pas avoir à jouer la game sale pour y entrer. Ça ne m'intéresse pas assez. J'ai toujours privilégié mon intégrité avant le pouvoir. Voilà, c'était la mise à jour pour ceux qui avaient lu mon billet intitulé "le rejet". Pas d'amertume, rien qu'un sentiment de légèreté.

Ainsi, je me lance en quête de non-sens. Ça fait déjà deux jours que je m'y consacre sérieusement, et la vie est drôlement plus rigolote. Je me sens comme un petit vieux assis sur son balcon qui regarde la télé d'aujourd'hui avec son vieux poste noir et blanc des années 60 et qui se dit tout haut : ça n'a pas de sens. Et il rit.

C'est un bel exercice de table rase. Qui, selon mes conseillers, devrait m'éclairer sur la suite des choses en ce qui me concerne. Sortir de ma tête ne peut pas me faire de tort. Ça va sûrement faire des billets intéressants.

Suggestion musique : Blonde Redhead, album "23".

dimanche 28 octobre 2007

Le rejet. (mise à jour)


Il y a quelques semaines, dans mon billet intitulé "Any dumb quebecer", je faisais un petit aparté sur l'ex PDG d'Hydro Québec, André Caillé, qui espérait se lancer en politique provinciale, possiblement aux couleurs de l'ADQ.

J'apprends cette semaine que ce sympatique monsieur cherche une "maison pour ses idées". Selon ce texte de la Presse,

"André Caillé, ancien président-directeur général d'Hydro-Québec, brûle de faire le saut en politique, mais a affirmé jeudi ne pas avoir encore trouvé un parti provincial ouvert à ses idées controversées sur les tarifs d'électricité et l'aide sociale."

Écoutez ce qu'il dit sur l'aide sociale :

«Je dois être vraiment à droite, parce que pour moi, l'aide sociale, ça doit être ciblé et ça doit être transparent, a-t-il lancé. Ça ne peut pas être universel et pour toujours. Faut que ça soit ciblé, transparent et temporaire. Ça ne marchera pas, notre affaire. Ça va exploser, ce système-là. Ce n'est pas vrai qu'on va être capables de maintenir l'équilibre des finances publiques, même pas à moyen terme, si on n'est pas capables de se dire ça.»

Je lance aujourd'hui des fleurs à tous les chefs de partis qui ont levé le nez sur André Caillé. Pour une fois, ils ont fait preuve de flair. Rejet d'une candidature pas très payante.

Sur la question de l'aide sociale, André Caillé est dans l'ignorance la plus pitoyable. Point à la ligne. Il se fait le perroquet de la pensée facile, prise dans une boîte, partisan de l'objet avant l'humain. Manque de jugement? Malheureux.

Ciblé, transparent et temporaire.

Si M. Caillé avait un tant soit peu le souçi de cohérence, il lirait les statistiques de l'aide sociale au lieu de lire les textes d'opinion du Fraser institute pour se faire une idée, au lieu de prendre pour du cash certains monologues de Patrick Huard (être humain que j'adore en passant et avec qui je partage en différé une expérience unique en son genre).

La durée de séjour à l'aide sociale est proportionnelle à : l'âge du prestataire, son niveau de scolarité et son expérience professionnelle. Les jeunes passent en moyenne 3 mois à l'aide; les personnes de 45 ans et plus y sont pratiquement condamnés, faute de diplôme d'études secondaires et de volonté d'embauche du marché du travail. Y a un million de personnes au Québec qui ne savent ni lire ni écrire. Ils se retrouvent où, d'après lui?

Il faut en tout cas que M. Caillé finisse par comprendre une couple de trucs. Premièrement, en politique, si notre face ne revient pas à l'électorat (j'essaie d'imaginer le nombre de joints à lui faire fumer pour en tirer un sourire sincère), on se doit d'avoir des idées révolutionnaires et géniales. Deuxièmement, on doit se comporter en tant que futur représentant des citoyens, pas en Père Fouettard méprisant qui prend ses idées dans un chapître d'une version cheap de l'ancien testament, genre la Genèse. Pas surprenant que ses idées soient dans la rue. Je ne leur donnerais même pas 100$ par mois. S'il compare les personnes assistées sociales à ses idées, je comprends qu'il veuille mettre la hache dans le système.

Et, troisièmement, si on apprenait que moi, comme gérant d'un bar, je pars tous les soirs en laissant les portes déverrouillées sans activer le système d'alarme pendant dix ans, malgré les recommandations d'experts, non seulement je me ferais congédier, mais on ne me redonnerait plus de responsabilités du genre pendant un méchant bout. Sans parler des références à oublier.

Que Maître Caillé sur son arbre perché fiche la paix aux Québécois. Qu'il aille produire une téléréalité en se mettant lui-même sur l'aide sociale pendant une couple d'années, juste pour voir. Lui ou quiconque. Parce que, entre nous, si on regarde la séquence et la gravité d'erreurs qui ont mis fin à sa carrière à Hydro, n'importe qui de la classe moyenne aurait eu à quémander à genoux un boulot de misère. Non, pour Môssieur et ses amis, ça ne marche pas comme ça.

En haut, quant t'es mauvais, tu pars avec dix ans de salaire, un doctorat Honoris Causa et un meilleur job qui t'attend à la porte alors que tu sors tes boîtes.

Vous savez, c'est pas ça qui me dérange vraiment. Moi, ce qui fait défriser mes cheveux crépus -et sachez que c'est une expérience en soit très désagréable-, c'est quand un de ces individus de la haute vient faire la leçon aux strates plus basses d'humains de leur société.

"Why don't you try walking in our shoes or just shut the f... up?", ai-je envie de lui dire au nom de la cinquantaine de silencieux qui vont crever de faim et de froid dans nos rues cet hiver?

Vous n'en avez pas marre, de tous ces donneurs de leçons à 2000$ et plus de l'heure qui sautent de méga-job en méga-job, qu'ils aient été congédiés, non renouvelés, peu importe, qu'ils aient été ordinaires ou pourris? De ceux qui, à moins de finir en prison, vivent toute leur vie au paradis, nous font la morale et nous demandent de NOUS serrer constamment la ceinture?

Le monde à l'envers, je vous dis.


AJOUT : mercredi matin...

Je viens d'apprendre que Monsieur Caillé serait candidat à la partielle dans Bourget. Hmm, devrais-je songer à poser ma candidature à l'investiture péquiste, histoire qu'enfin un de ces méprisants personnages frappe un mur, surtout dans cette circonscription loin du titre de plus riche de Montréal? Amis lecteurs, je m'en remets à votre intuition.


mardi 23 octobre 2007

Quoi qu'on pense du gars...


On a beau pas aimer le bonhomme,
on a beau pas vouloir qu'il demeure dans notre beau pays,
je trouve profondément inhumain de séparer un couple de cette façon alors que leur bébé est sur le point de naître.

Surtout après ce que je viens de lire ici.

C'est un parfait exemple de comment semer les graines de la haine. Aux responsables de l'immigration, je souhaite un superbe karma. Ne serait-ce que pour le bébé...

Entracte

Je sais je sais, je n'ai toujours pas publié la quatrième partie de mon essai sur la pauvreté. Ce qui s'en vient risque de tellement brasser la cabane que j'ai pris la peine de le faire lire à d'autres spécialistes, histoire de ne pas me faire poursuivre/casser la gueule par :

-Les groupes de défense de droits
-Les cinq partis politiques québécois
-Quelques député-es
-Les organismes de charité
-Les bénévoles de la province
-Les grands médias
-Et plusieurs autres

J'ai bien l'intention d'aller aussi loin que possible dans l'expression de ma réflexion, ne vous inquiétez pas. J'entends bien profiter de mes deux jours de congés pour vous gâter.

dimanche 14 octobre 2007

Un moment d'absolu


Un site superbe en flash. Cliquez sur l'image.

Pour une raison que j'ignore, mon billet sur la pauvreté, troisième partie, s'est retrouvé ci-dessous.

Essai expérimental sur la pauvreté (troisième partie)


Deuxième étage; tout le monde descend!

Bon, bien mangé, bien bu, pouf, l'ascenseur des besoins monte vers le deuxième étage. Bienvenue au royaume des besoins de sécurité. J'aimerais toutefois apporter une nuance quant à l'affirmation comme quoi tant et aussi longtemps qu'un besoin n'est pas comblé, il est impossible de progresser à l'intérieur de la pyramide. Il serait plus précis d'affirmer que, bien que la conscience soit dominée par un besoin de niveau inférieur, ce besoin n'occupe pas nécessairement la totalité de la conscience. Ceci étant d'autant plus vrai dès qu'une personne a accédé ne serait-ce qu'une fois à un niveau supérieur de la pyramide.

Au deuxième étage de la pyramide de Maslow, se trouvent les besoins relatifs à la sécurité. Se protéger des éléments avec un toit sur la tête, préserver sa sécurité et celle de ses proches, savoir qu'on aura un job demain, qu'on arrivera à payer ses comptes à la fin du mois,bref, on peut faire une liste infinie des besoins relatifs à la sécurité.

Or, un bref survol de notre société industrialisée nous permet sans l'ombre d'un doute d'observer, plus particulièrement depuis 2001, une incitation médiatique à peine voilée à l'insécurité.

Des amis du Couac avaient fait, en 2003, une analyse du contenu d'un journal télévisé. Vous pouvez faire la même chose aujourd'hui. À cette époque, seul 31% du téléjournal de six heures de Radio Canada, contenait des informations pertinentes, et dans ce nombre, l'analyste avait inclus les topos sur les gang de rues et autres faits divers tendancieux. 28%, soit presque l'équivalent, était consacré aux meurtres et accidents.





Dois-je vous faire un dessin ou la longue explication du conditionnement classique, initié par Ivan Pavlov? Il me semble évident que de bombarder le public d'images et de sons associés à la peur ne peut que renforcer un sentiment d'insécurité. Mais bon, un dessin:
Ce qui m'amène à faire plusieurs questionnements sur la pertinence de l'information.

Quel besoin ai-je de savoir :

-Qu'un meurtre a eu lieu quelque part?
-Qu'on soupçonne une dizaine d'inconnus (sans les accuser) de planifier un attentat terroriste?
-L'effet de certains produits radioactifs s'ils étaient utilisés dans une bombe sale?
-Que deux (ou plus) voitures se sont rentrées dedans, peu importe où?
-Que j'ai une chance sur 18 million d'être frappé par la foudre?
-Qu'un fou a tué une personne et en a blessé 10 autres dans une école?
-Qu'une personne de 100 ans est morte de la grippe?

Par exemple, je viens de lire que, suite à l'enlèvement de la petite Cédrika, 20 000 parents ont fait ficher leurs enfants par la police et la Fondation enfant-retour. Ça me laisse une impression étrange. N'y a t-il pas quelque chose de fondamentalement dérangeant à ficher ses citoyens, dans une société démocratique, même soi-disant pour leur sécurité? Selon LaPresse,

"En 2006, 86% des 7317 mineurs portés disparus au Québec ont été retrouvés en moins de sept jours. La majorité des autres manquent toujours à l'appel. Les cas d'enlèvement par un étranger ne constituent que 1% des disparitions."

Ma question : Doit-on, comme société, se mettre à avoir peur parce que 73 mineurs (dont
beaucoup d'ados en fugue), donc approximativement 1 cent millième de la population, disparaissent? Doit-on ficher tous les Montréalais parce que 50 personnes par année se font tuer?

Quelque part, dans de beaux bureaux, avec un mini bar, une armoire à cigares et des amuses-gueule, on a décidé de jouer au chien de Pavlov avec nous. Ce qui m'amène à l'effet Pounette. En fait, ça porte sûrement un autre nom, mais c'est une expérience que j'ai pu constater avec une de mes chattes, Pounette. Chaque fois qu'un évènement lui fait peur, même un petit sursaut de rien, Pounette fait quoi, vous croyez? Direction : le plat de bouffe.

D'un autre côté, entre le moment où elle prend la fuite et celui où elle se rend au plat de bouffe, Pounette reste pendant un certain temps immobile, attendant de voir si tout s'est estompé. On parle ici d'
Inhibition d'action.

Donc, suite à une peur, il y a d'abord Inhibition d'action, puis Consommation.

Considérant notre société, on remarque que, d'une part, nous laissons aux autres (gouvernement, professeurs, médias, religion, critiques cinéma et autres) le soin de réguler le bon et le mauvais et de simplifier le plus possible nos choix, et de l'inhibition d'action face à la communauté, nous passons à l'acte de consommer en tant qu'individu ou noyau familial. Ça semble, à première vue, un mécanisme efficace et équilibrant.

Mais, tant que nous carburons à l'insécurité, nous demeurons pris au 2è étage.

Imaginez maintenant dans quel état se trouve une personne qui n'a pas suffisamment d'argent pour se loger/payer ses obligations, et qui, de surcroît, n'a pas les moyens de consommer. Selon les infos dont je disposais à l'époque, en 9 mois, une personne qui tombe sur l'aide sociale commence à développer des problèmes de santé mentale. La consommation de Ritalin des enfants dont les parents sont sur l'aide sociale est en train d'exploser. Le taux d'absentéisme (burn out et autres) des gens (de la classe moyenne) qui ont a gérer ces clientèles dans la merde est lui aussi en train d'exploser. Ça ne vous sonne pas des cloches? Commencez-vous à voir le nuage noir?

(à suivre : vent de folie, dépenses stupides)


samedi 13 octobre 2007

Essai expérimental sur la pauvreté (seconde partie)

Écrit sur la pancarte : I need a miracle.


Premier étage : Le fond du baril


Pour vous mettre en contexte avant de parler du premier niveau de la pyramide, je voudrais introduire un élément important: la perception des personnes pauvres et leur motivation, D'autre part, je voudrais préciser que ceci n'est pas un essai sur comment faire pitié. Je n'ai absolument pas l'intention de me plaindre, puisque j'assume régulièrement un certain risque, et que je m'en sors tout le temps, comme c'est déjà le cas. Ce qui n'est pas une réalité pour tout le monde. Et le but de tout ce dossier, c'est de démonter les mythes, dénoncer les faiseurs de mythes et proposer un chemin plus optimisé par lequel passe l'évolution d'une société un tantinet intelligente. Parce que beaucoup trop de gens souffrent (et pas seulement les pauvres) pour rien, et ça, ça me gosse sérieusement.

L'argumentaire des détracteurs de la hausse de l'aide sociale, des prêts et bourses ou de toute aide étatique à la survie, repose sur un élément : la motivation au travail. Du gouvernement aux organismes en employabilité en passant par le patronat, sans oublier les Adéquistes, tout le monde semble convaincu d'une chose : toute augmentation des seuils d'aide au revenu génèrerait, de par l'absence de motivation des "prestataires", un phénomène de rétention, c'est à dire que les gens accrocheraient.

Or, j'ai pu un jour, dans le cadre d'un procès intenté au gouvernement sur une cause d'aide sociale fort intéressante (celle de la comptabilisation des pensions alimentaires comme revenu), discuter de cette question avec un haut fonctionnaire au Ministère de l'emploi et de la solidarité sociale. Il venait d'affirmer au Tribunal que (citation libre) "on aurait tendance à croire que d'exempter la pension alimentaire aux fins du calcul des revenus d'un parent créérait un phénomène de rétention à l'aide sociale".

Rewind... "On aurait tendance à croire que". Au moment où l'on se parle, il y a des génies qui basent la politique de survie des plus mal pris de notre société avec des "on aurait tendance à croire que". Le troisième plus gros ministère du Gouvernement, avec plus de 5000 employés qui nous coûtent une beurrée, base son fonctionnement sur des présomptions on ne peut plus stupides. Aussi stupide que de croire que l'homme est supérieur à la femme, chose qui semble incontestable chez-nous aujourd'hui, alors qu'il y a 50 ans...

Que dirait Abraham Maslow de ces génies du gros bon sens?

Premier étage : Les besoins physiologiques



Se dit des besoins de notre corps :

Manger, boire, température à 37,2 degrés C., respirer, excréter...
Selon Maslow, si un seul de ces besoins n'est pas comblé, ce besoin domine la conscience du sujet jusqu'à satisfaction. S'il y a gratification de l'ensemble des besoins physiques, la conscience passe au stade deux.

Peut-on demander à quelqu'un qui a faim, froid, envie de chier, d'être motivé à quoi que ce soit d'autre tant que ces besoins ne seront pas satisfaits?

Non.

Observez-vous, quand vous manquez de sommeil, quand vous n'avez pas mangé de la journée, quand vous vous les gelez à l'arrêt d'autobus. Je ne connais pas de gens qui arrivent à rester compétent et/ou de bonne compagnie (hum, oui, la pourdre) dans un état de manque physiologique. J'ai rencontré des centaines de personnes durant ma brève carrière d'attaché politique qui se trouvaient littéralement écrasés à ce niveau, et le constat est incontestable : L'idée selon laquelle un être humain en état de survie sera motivé à avancer dans la vie semble tirée de la théorie créationniste.

Maslow 1
Génies du Ministère 0

















(Prochain billet : Deuxième étage, tout le monde descend)




vendredi 12 octobre 2007

Essai expérimental sur la pauvreté (première partie)


Je m'étais dit que jamais je ne donnerais dans le journal intime, comme le font beaucoup de blogueurs, mais bon, quitte à l'écrire sur une feuille de papier destinée à moi seul, je prends le temps de partager ce que 20% de la population (les pauvres) n'a peut-être les moyens, ou les capacités d'écrire.

J'ai atteint le bout du rouleau, cette semaine. Abraham Maslow aurait bien aimé m'entendre lui donner encore une fois raison. Pour ceux qui ne le connaissaient pas, voici ce qu'en dit Wikipedia.

"Au cours de sa carrière, Maslow s'est intéressé principalement aux motivations/accomplissement de soi) et aux états de plénitude (expériences paroxystiques), ainsi qu'aux fondements de la santé psychique. « supérieures » de l'homme dans sa hiérarchie (l'

Sa hiérarchie des besoins signifie que l'homme n'atteint le plein développement de son psychisme que s'il est satisfait sur tous les plans : physiologie, sécurité, amour (appartenance), estime (reconnaissance) et accomplissement de soi (créativité)

Cette hiérarchie est représentée sous la forme d'une pyramide qui, de la base au sommet, distingue cinq niveaux de besoins :

  1. À la base, les besoins physiologiques (tels que la faim, la soif) ;
  2. Ensuite, les besoins de sécurité et de protection (tels que le désir d'un toit ou d'une bonne assurance) ;
  3. Puis viennent les besoins d'appartenance, besoins sociaux qui reflètent la volonté de faire partie d'une famille, d'un groupe, d'une tribu ;
  4. Ensuite arrivent les besoins d'estime de soi (qui permettent de se regarder dans le miroir le matin) ;
  5. Enfin, apparaissent au sommet de la hiérarchie, les besoins d'auto-accomplissement (qui renvoient au désir de se réaliser soi-même à travers une œuvre, un engagement).

Maslow estime que les besoins élémentaires (physiologiques et de sécurité) étant satisfaits, l'entreprise doit permettre à ses employés de satisfaire les autres besoins d'ordre supérieur de façon à alimenter sans cesse les motivations. Un besoin d'ordre supérieur ne peut être satisfait que si les précédents le sont."

Il est très intéressant dans mon cas, de constater la véracité incontestable de sa théorie en ce qui me concerne. D'abord, je dois me situer de façon générale dans la pyramide. C'est un bel exercice de nudité de l'âme, mais bon, qu'ai-je à perdre?

En temps normal, et c'est sans me vanter, je passe le plus clair de mon temps au 5è niveau. C'est à dire que, dès que mes besoins essentiels du premier niveau sont comblés, je n'ai aucun problème à enjamber les autres niveaux pour me retrouver immédiatement au 5è. Pourquoi?

-Quand mon loyer est payé, que mes comptes sont payés, et que j'ai un minimum de bouffe sur la table, je me sens totalement en sécurité (niveau 2). Je n'ai pas peur des terroristes, des bandits, du cancer, de la C difficile, de mon ombre, ou toute autre connerie montée en épingle par les médias.

-Si j'ai les moyens et l'envie de sortir de chez-nous, je suis une personne humaine et de bonne compagnie. Alors je n'ai pas de problème à me faire aimer; je me suis constitué une bonne banque de gens que j'aime et qui m'aiment en 34 ans d'existence (niveau 3). C'est d'ailleurs grâce à cela que j'ai pu passer au travers des chutes en niveau 1 (perte de job, précarité temporaire, etc.)

-Je n'ai aucun problème à me regarder dans le mirroir. Autant physiquement que pour le reste, j'aime ce que je vois: j'ai absolument tout (mis à part un teint foncé dans un monde caucasien) pour réussir et je m'en sers généralement bien(niveau 4).

Je suis donc, en temps normal, au dernier étage de la pyramide (niveau 5). C'est sans prétention. Mais c'est d'ailleurs là que ça se corse. Comme dans un jeu "échelle et serpents", au niveau 5 plus qu'ailleurs, quand ça chie, ça peut chier solide.

Le besoin d'auto-accomplissement du niveau 5 est un monstre. Ayant conscience de ce que l'on vaut, ayant conscience de ce que l'on est, on devient mû par le besoin de cohérence dans ce qu'on fait. Et plus on demeure de longues périodes au 5è niveau, moins on peut déroger à ses règles. De plus, on peut facilement faire face à des situations qui nous ramènent aux niveaux inférieurs, puisque la cohérence peut-être très peu payante dans notre société.

Cette fois-ci, j'ai pogné le gros Christ de serpent, comme dirait le Maire de Saguenay.. Mais c'est une longue histoire.

(à suivre. Le texte est déjà écrit, je vous laisse ruminer hehe)

mercredi 3 octobre 2007

Any Dumb Quebecer?

Je vais sûrement me faire des ennemis aujourd'hui. Peut-on être poursuivi en diffamation pour avoir traité un pseudonyme de totale cruche? Peu m'importe. J'apprends à l'instant que Elodie Gagnon Martin, la fameuse blogueuse adéquiste (ou fameux blogueur, on ne sait toujours pas...), tente de bullshiter tout le monde avec une histoire de mot de passe perdu et de vol de blogue.

Elle refuse toujours les demandes d'entrevues de journalistes, pourtant, demandant à pouvoir bloguer en paix. Tout ce qu'ils demandent, c'est de pouvoir démontrer qu'elle existe.

Bloguer en paix. Disons plus "diffamer" en paix. Pathétique petite fille! Si c'était un journal intime qu'elle voulait, ils en vendent à 10$ avec une serrure dans toutes les papeteries. Booooouh, mauvais, remboursement! Et, pour quiconque ayant l'intelligence d'un cloporte, un blog dit d'affaires publiques n'est pas un journal intime, surtout quand on est soupçonné d'être quelqu'un sur le payroll de l'Assemblée Nationale! Pfff.

D'autre part, le jeune député Diamond s'est fait coincer en train de "manipuler" le plancher lors du conseil ou congrès de l'ADQ, à savoir qu'une petite organisation sous sa direction s'amusait à bloquer les propositions un peu trop "vertes" à son goût des membres de son parti.

Pourquoi ai-je donc l'impression que l'ADQ veut maintenant dire "Any Dumb Quebecer"?

J'ai trouvé un slogan pour leur prochaine campagne électorale en anglais!

"Any Dumb Quebecer can work for us, Any Dumb Quebecer can vote for us!"

Je vous l'avais peut-être jamais dit, j'ai déjà été membre de l'ADQ avant l'invasion des connards. Ben, y en avait déjà au moins un, mais la raison pour laquelle j'ai quitté c'est quand on m'a fait savoir que le "programme" était sans importance, qu'on devait raconter n'importe quoi pour faire voter les gens pour nous. J'ai senti que la suite ne volerait pas très haut. Et c'est pas un vote de contestation de 1ere année B à la dernière élection qui va me faire changer d'idée.

Ce qui me désole le plus, c'est la minimisation de l'importance d'un tel dossier par les trois autres partis politiques. C'est ça la game. On laisse aller des trucs du genre parce qu'on aimerait bien essayer nous aussi sans se faire coincer? Se rapprocher de la population, c'est aussi mettre ses culottes contre les autres partis quand ils dérapent.

Parlant de mettre ses culottes, petit mot sur la "lionne" de Bourget qui nous a fait un vrai show "Disney on Ice" à Tout le monde en parle, dimanche dernier. Une vraie patineuse de fantaisie, l'égo gros comme le bras. Rien de plus pathétique que quelqu'un qui, devant un questionnement sur son égo, tente de détourner l'attention vers l'égo de l'interviewer. Du beau six ans X pour la "musaraigne" de Bourget (Si elle avait rugi un peu plus, le PLQ n'aurait pas fait 4 ans au pouvoir à plus de 60% d'insatisfaction voyons). "Musaraigne" aussi parce que, semble-t'il, le pouvoir lui importait plus que l'exercice du pouvoir, et pour ça, faut vraiment être petit, mais petit... C'est mon opinion, et je la partage à 100%.

Je n'oublierai jamais ce que la "musaraigne" a fait aux pauvres, en donnant congé à ses députés le soir de l'adoption de la dernière réforme d'aide sociale, en 2005. Près d'un cinquième de la population québécoise, ce soir là, aurait aimé voir le PQ défendre ses intérêts jusqu'au bout. Surtout que Bourget, c'est pas Westmount...

Bon débarras.

Aussi, félicitations aux gens de Saguenay qui ont fait la fête à leur Maire intégriste. Un autre Chrétien qui n'a rien compris de sa propre religion et qu'on laisse décoller dans un délire messianique malsain pour la démocratie.

Et petit mot à propos de M. André Caillé, ancien président d'Hydro Québec et fervent défenseur de l'Auto-extortion (Hydro Québec doit nous soutirer toujours plus de notre argent, comme si un propriétaire de dépanneur payait son propre pain 1$ de plus que ses clients). À mon avis, c'est peut-être bien malheureux, mais M. Caillé est un des hommes les moins aimables du Québec qui, aveuglé par son désir irascible de pouvoir, n'a pas compris que, pour être élu (à part dans les forteresses Libérales, bien sûr, et encore), faut être apprécié par la population. Autre que sa famille, bien sûr.

Tiens, pendant que j'y suis, parlant de famille, d'appréciation, et d'aveuglement, petit mot aussi sur la conseillère Line Hamel qui refuse de démissionner du Conseil d'urbanisme de son arrondissement, après qu'on ait formellement accusé son père d'extorsion et fraude d'un promoteur immobilier. Conseil d'urbanisme, promoteur immobilier, accusation, papa à toi,: la madame arrive pas à comprendre l'apparence de conflit d'intérêt. Voudriez-vous confier une quelconque décision publique à cette personne?

Comme diraient System of a down :

"We're cool, in denial, we're the cool regulators smoking Cigaro cigaro cigar..."

En tout cas, comme manque de jugeotte (ou aveuglement, ou capacité de prendre les citoyens pour des crétins), c'est inquiétant. À croire que le pouvoir ne corrompt pas, mais qu'il vous dévore le cortex. Votre tête devient alors toute prête pour y mettre de l'eau, ou du lait.



P.S. : Aux Adéquistes qui voudraient me spammer d'insultes imbéciles, fatiguez pas vos doigts, je vous le dis tout de suite, je ne publie pas de merde. Anyways, à vous lire, je pourrais simplement dire : je ne publie que des textes en Français.

lundi 17 septembre 2007

Eh ben, j'ai gagné mes élections...



Eh oui, ce soir, je faisais partie des chanceux qui pouvaient aller se prévaloir de leur droit démocratique (peuh...), dans le merveilleux comté d'Outremont.

J'ai eu droit aux pancartes, aux appels, aux dépliants, au cours des 3-4 dernières semaines. Mais, à la différence des autres élections, où je me déplaçais de peine et de misère alors que tout le monde savait que les Libéraux allaient gagner anyway, cette fois-ci je sentais que ça allait être la soirée du NPD.

J'avais au départ une dent contre le NPD, qui avait envoyé Léo-Paul Lauzon piquer des votes au Bloc, qui était en bonne voie de faire changer la tradition. Cette fois-ci, ce fut presque sans équivoque : j'ai hésité quelques secondes devant la coche de François Yo Gourd, mais j'aime bien Jack Layton, et il méritait un député au Québec. J'ai aussi bien aimé comment Thomas Mulcair a envoyé paître Jean Charest, et ça, ça méritait aussi mon vote.

Bref, ce fut à mon avis une belle claque en pleine figure des troupes de Stéphane Dion, une victoire de la gauche (!!!) dans Outremont (!!!) et ma première "victoire" électorale par dessus le marché. D'ailleurs, j'espère que l'autre maman Dion a préparé une cargaison de Quick bien chaud. Fiston va avoir besoin qu'on lui réchauffe le coeur dans les prochains mois.

En ce qui concerne les autres, et le portrait global, bah, c'est du pareil au même. Le Bloc a du plomb dans l'aile, on veut plus rien savoir des Libéraux, et les vedettes (Lebel, Mulcair) ont gagné. Je dois quand même féliciter Ève-Mary Thaï Thi Lac. Une nouvelle bien rafraîchissante en ces temps de légère tensions culturelles, même si, encore une fois, l'adjointe prend la place du député sortant, chose que je trouve un peu trop aristocratique pour la démocratie.

Bref, joignez ça à un excellent match de hockey, et l'amateur de politique et de sport en moi en a eu pour son argent ce soir.

mercredi 12 septembre 2007

Accomodements raisonnable : L'impossibilité de choisir un camp.


Pour ceux qui ne le savaient pas encore, Renart et moi devions entretenir une correspondance inter-blogues durant le débat sur les accomodements raisonnables. J'ai mis énormément de temps à répondre, parce que c'est le genre d'histoire qui peut facilement dégénérer.

La commission sur les accommodements est un piège à cons. De sa mise en place (créer une commission publique à partir de 3-4 faits divers montés en épingle par les médias de masse c'est malhonnête), jusqu'aux extraits d'audience aux nouvelles(montrer 10 secondes d'une intervention pour en retirer la phrase qui tue, c'est aussi malhonnête), pas besoin d'être un grand conspirationniste pour voir qu'on tente de provoquer les nationalistes durs pour qu'ils se mettent à généraliser à partir de situations, ma foi, futiles, les éloignant encore plus d'une éventuelle base de nouveaux arrivants favorables à un projet de société commun. Quand il nous manque 1% pour aller de l'avant avec un projet de pays, on ne se cherche pas de nouveaux ennemis.

Quand des gens se disant de gauche embarquent dans une tragédie du genre, on commence à être dans la merde. D'ailleurs, pour votre information, partout où la Commission passe, les audiences se passent dans les hôtels ou de grandes salles de conférence. À Montréal, pour la dernière journée, ça se passera au Local de la fraternité des POLICIERS!!! Vous appelez-pas ça jouer avec le feu, ou s'attendre au pire?!?

Je suis à la fois fils d'immigrant et de Québécoise; je ne veux pas avoir à choisir un camp. De toute façon, il n'y a pas de camp à prendre. On nage dans la démago à fond la caisse; je ne serais pas surpris de voir le KKK et Heritage Front ressortir de leurs cachettes, eux qui faisaient le bordel au début des années 90, à Montréal (eh oui!, ça vous surprend?).

Le Kirpan, le voile, les sandwiches au jambon, les vitres de gymnase teintées. Voyez-vous ici les bases d'un nécessaire débat de société? On avait même pas fini le débat "Lucides/Solidaires", un grand débat de fond sur les "valeurs Québécoises", bordel! Même les commissaires semblent avoir laissé leur jugement dans le placard à la signature des contrats.

Une chose est sûre. Ce sont les fédéralistes qui doivent se délecter. Si les nationalistes décident d'entrer en conflit avec les immigrants: adieu, Pays à la naissance harmonieuse! De source sûre, il serait plus facile d'aller chercher le pourcentage nécessaire à la souveraineté chez nos immigrants francophones que de fédérer les Québécois de souche. Or, vu le nombre de nationalistes qui tombent dans le piège des accomodements, on comprend beaucoup mieux leur incapacité à aller chercher 50%+1 en 40 ans.

Le pire, c'est que, comme nationaliste pur et dur (eh oui!), je ne laisse pas ma place. C'est même à l'indépendance que je crois, pas à un concept galvaudé pour espérer gagner par défaut. Mais mon projet de pays inclut. Il ne pointe pas les gens du doigt, mais les problèmes. Il n'essaie pas de déresponsabiliser un pour responsabiliser l'autre. Il ne cherche pas de boucs émissaires. Quand quelque chose ne marche pas, je ne regarde pas du côté de l'État, je ne regarde pas mon voisin, je me regarde dans le miroir.

Quand je pense à l'indépendance, je pense au jour 1, lorsque nous aurons fait le choix d'un pays et que nous serons tous et toutes Québécois (à moins que le pays ne s'appelle pas Québec). Il est clair que nous devrons y arriver avec un projet commun, contenant des valeurs majoritairement communes. Du civisme à la gouvernance, c'est un nouveau système de valeurs communes que nous devrons situer et affirmer. Ce qui se passe en ce moment n'est que recherche de boucs émissaires, profilage de "mauvais néo-Québécois", et victimisation du peuple fondateur. Il n'y a pas de conflit, pas d'ennemi, pas de menace réelle, si ce n'est qu'un certain laxisme citoyen face à l'information .

Renart a malheureusement été piégé avec son billet intitulé Notre langue molle, où il utilise deux extraits de Radio-Cadenas pour alimenter son indignation, extraits -on l'apprend plus tard- qui, pris dans leur ensemble, auraient plutôt pu alimenter son espoir. Il ne faut pas, en tant que blogueur, tomber dans ce genre de facilité. Laissons cela à ceux qui sont payés pour dire des conneries.

Pour inculquer un peu de connaissance réelle à mon ami, le Québec a le dernier mot sur tous les immigrants qui viennent. Ça s'appelle sélection Québec et on peut ici faire le test pour déterminer si on a des chances d'être accepté. N'entre pas qui veut au Québec.

Deuxièmement, je vous invite à Télécharger le guide "Apprendre le Québec", à l'intention des futurs et nouveaux arrivants. On peut y faire une évaluation plus éclairée de ce qui est montré par le Ministère.

Troisièmement, je rappelle à mon ami Renart et aux autres nationalistes tentés par le désir de trouver des boucs émissaires, que ce sont les Péquistes, avec André Boisclair au Ministère, qui ont mis la chainsaw dans les programmes et organismes en francisation. Encore aujourd'hui, on francise les enfants mais pas les parents. Comment voulez-vous qu'il y ait une certaine cohésion dans l'intégration? D'autre part, il est difficile d'évaluer que le français soit menacé au Québec, puisque les études en ce sens se suivent et se contredisent. En ce qui concerne mon ami Renart, j'oserais dire que la source de ses frustrations, c'est de vivre dans un quartier très pauvre, et de faire l'expérience de la culture des exclus, ou l'anti-culture.

Ces immigrants, diplômés et qualifiés, qui ramassent les jobs de merde, qui vivent dans les taudis, qui gèlent l'hiver, qui livrent nos pizzas, qui font du 80 heures semaines pour nourrir plusieurs enfants, se font aussi chier dans la vie. L'heure n'est pas à chercher les coupables, mais à identifier un projet commun. Je parie 100$ avec quiconque que le jour ou le nombre de Québécois de souche souverainistes dépassera le nombre de (québécois de souche+ anglophones fédéralistes), énormément d'immigrants voteront OUI s'ils sont inclus dans le projet.


J'ai deux textes que je veux proposer à Renart et tous les autres "Saints Martyrs Québécois", textes qui , selon moi, remettent les choses en perspective. Si, après ces lectures, ils veulent poursuivre leur "dramatisation", j'aurai fait ce que j'ai pu.

L'un est une entrevue du journal Voir avec l'avocat Julius Grey, qui explique très bien l'importance des accomodements raisonnables pour une intégration mieux réussie des immigrants.

L'autre est de Lysiane Gagnon, qui mériterait mon titre d'Humaine de la semaine, pour un texte d'une lucidité rafraîchissante par les temps qui courent. "La fausse crise" met le doigt sur le même bobo que moi, à savoir la montée en épingle par certains journalistes d'évènements futiles qui crée un débat de société potentiellement explosif, et des leaders qui (tiens tu m'étonnes) s'en lavent les mains.

Évitons de tomber dans un piège grossier. Nous valons mieux que ça.


Oh, et, by the way, l'occasion est tellement belle pour le PQ d'aller se chercher un peu de couleur pour les partielles de Bourget et Pointe aux trembles. Ça montrerait un peu l'exemple.

samedi 8 septembre 2007

Enfin, un spectre politique à 4 directions!

Voici enfin, pour mettre fin aux chicanes gauche-droite, le compas politique (political compass).
Il vous permet de mieux vous situer sur le spectre politique dans une optique plus vaste que la gauche et la droite.

Après un questionnaire concernant vos vues sur un ensemble d'aspects, comme la politique, le sexe, la religion, la société, cette petite application vous positionne sur la grille politique. L'Axe horizontal est l'axe économique, alors que l'axe vertical est l'axe social, c'est à dire le type de gouvernance privilégié, entre l'extrême autoritarisme et l'anarchie.


Je suis donc, selon ce test, et comme je croyais, un libertarien, mais de gauche. Moins d'état, moins de structure rigide, plus de libertés individuelles mais une approche moins sauvage et "free for all" des enjeux de la vie en société, ainsi que moins de pouvoir aux associations, qu'elles fussent (religieuses, politiques, économiques, sociales ou même ethniques).

Voici à titre d'exemple quelques comparaisons.
Allez allez, faites le test et donnez-m'en des nouvelles.

jeudi 6 septembre 2007

Le civisme des autres..

Le débat est lancé. Renart a accepté mon invitation et a publié un billet intitulé "Il y a comme une odeur de tabou". Ce texte essaie de remettre en perspective l'argumentaire de Renart sur l'intégration des nouveaux arrivants, en particulier

"certaines situations fâcheuses vécues par ma compagne lors de ses déplacements en métro, en lien avec le manque de civisme de certains immigrants de fraîche date.
"
Simplement à la lecture de cette phrase du texte de Renart, je commence avec une question : Y a t-il un truc pour identifier un immigrant de fraîche date?

À moins de lui demander, on peut théoriser tant qu'on veut, mais ce n'est sûrement pas par son attitude dans le métro qu'on peut définir la période d'arrivée d'un immigrant.

Ainsi, il est impossible de savoir si les situations fâcheuses vécues par sa compagne avaient un lien avec le manque de civisme de certains immigrants de fraîche date.

Poursuivons.

Renart s'embourbe encore plus avec cette affirmation :

"Le chemin qu’empruntent le xénophobe et le raciste repose sur un système établi qui scrute les différences à l’externe et réagit ensuite en raffermissant son jugement par l’ajout de « preuves », en se complaisant dans l’immobilisme : qui vient alors élargir un peu plus sa carapace, au lieu de la faire se craqueler."

Renart semble oublier que ses propres attentes en lien avec la cohabitation dans les transports en commun ne sont pas partagées par tous. Là où le bât blesse, c'est que cet incident sert à justifier une remise en question de l'accueil des immigrants, soi-disant parce que, provenant des régions rurales de pays du tiers monde, on ne leur a pas inculqué le civisme, et qu'à leur arrivée, le gouvernement ne les a pas pris en charge à cet égard. Mais peu importe la raison, ce que je ressens du message, c'est :

NOUS savons comment nous comporter en société. Quelqu'un pourrait-il LEUR expliquer?

Des québécois qui ne savent pas vivre, il y en a de toutes les couleurs, et de toutes les origines. Point final. Des gens qui ne vivent pas comme Renart -c'est à dire en tentant d'être vertueux avec son prochain-, il y en a des tonnes. Des gens racistes, il y en a aussi de toutes les couleurs, et même au-delà de la "race", notre gueule ne plaît pas à tout le monde et vice-versa. Nul besoin de généraliser, si ce n'est de dire : je déteste qu'on me pousse, ou je déteste qu'on me dénigre. Est-ce si compliqué? Nul besoin de catégoriser par couleur, mais par comportement, puisque ce sont les comportements qui nous posent problème.

Le racisme, la Xénophobie, c'est aussi affirmer que c'est leur état de nouvel arrivant qui explique leur méconnaissance des "conventions", parce que Nous sommes civilisés, ILS sont des sauvages.

Ça fait des années que la STM fait la promotion de conventions pour ses clients : avancez à l'arrière, cédez votre place aux gens dans le besoin, ne tirez pas sur la manette rouge à côté de la porte..." Si le civisme, tel que compris par Renart, était un problème d'immigrants, nul besoin de ces publicités, le Ministère leur expliquerait à leur arrivée et le problème diminuerait, du moins chez les immigrants. Or, les conventions civiques sont floues, changent à tous les 50 km et peuvent parfois passer d'un extrême à l'autre entre deux quartiers de Montréal ou d'un code régional à l'autre.

Dans mon monde, le civisme, c'est ne pas abuser du parfum avant d'entrer dans le métro à l'heure de pointe. Pourtant, à 8h du matin, on me sature les sinus de varsol aux différentes essences tout aussi incompatibles les unes avec les autres. C'est le problème des grands ensembles. Plus souvent qu'autrement, quelqu'un franchit les limites de quelqu'un d'autre, et ainsi de suite, et ainsi de suite. Si vous êtes le 15è de la chaîne de frustration, c'est plate mais ça peut difficilement faire autrement qu'être frustrant.Dans le cas des transports en commun, j'accuserais plus la promiscuité que l'origine ethnique quant aux accrochages possibles entre humains.

Mais même si un lundi, je me fais bousculer par une Sri Lankaise, que le mardi je me fais engueuler par une Haïtienne, que mercredi je me fais couper dans la file par un Colombien, que jeudi je vois une Italienne arroser son trottoir, etc. etc. etc., je ne peux en aucun cas affirmer qu'il faille s'interroger sur le civisme de nos nouveaux arrivants. J'ai eu affaire à quatre individus qui ont, pour des raisons que j'ignorerai probablement toujours, franchi MA limite.

Par contre, dans un cas-exemple que j'énonce souvent : les Québécois n'aiment pas, en général, l'odeur forte de transpiration. Il est difficile pour beaucoup d'aborder cette question avec les "contrevenants" à cette convention. Le fait de proposer poliment à tous l'utilisation de déodorant, par exemple, plutôt que de dénoncer l'odeur de transpiration de certains, permet une intégration plus facile de l'habitude, en évitant les malaises et les silences qui finissent par dégénérer en profilage, comme ce fut le cas dernièrement.

Je ne crois pas que le débat sur les accomodements raisonnables soit le lieu pour pointer du doigt des types d'individus ou des groupes d'individus ayant des comportements X ou Y lors de circonstances isolées, mais pour tenter de bâtir un consensus sur le vivre ensemble.

Simplement à regarder la composition de l'Assemblée Nationale, on comprend bien qu'on est loin au Québec d'un système de valeurs et de conventions consensuelles. De là, difficile d'établir un code de vie détaillé auquel tous et chacun adhérerait. J'ai entendu dire qu'on pouvait écouiller son chien soi-même sur une ferme; je vous mets au défi d'essayer de stériliser le vôtre sur votre balcon à Montréal. À Blainville, je crois, on distribue des amendes aux propriétaires de Gazon non taillé alors qu'à votre Éco Quartier de Montréal, on vous expliquera que la monoculture, même de pelouse, est mauvaise pour la terre. Deux villes, deux univers.

J'écoute du Bach à 8h le matin, l'autre écoute du House à 2h du matin.

Êtes vous plus :

TQS ou TVA?

Le journal de Montréal ou Le Devoir?

Réjean Breton ou Léo Paul Lauzon?

Eric Lapointe ou Daniel Bélanger?

Nathalie ElGrably ou ...euh... (non, elle n'a pas son pareil de l'autre côté du spectre politique)?

Je pourrais continuer indéfiniment.

Je crois qu'en aucun cas, le débat sur les accomodements raisonnables ne devrait déraper sur du profilage: "Tel groupe fait ceci, tel autre groupe fait cela, ah oui, ah oui." Au contraire, il devrait permettre d'établir les grandes lignes du vivre ensemble et de mieux aider les immigrants à intégrer notre société, en permettant à ceux-ci de préserver certains repères identitaires sécurisants pour eux et qui ne briment en rien notre propre existence et qui leur assureront une transition plus douce entre le statut de Néo-Québécois à celui de Québécois. En prenant pour acquis qu'il existe un statut de Québécois bien défini, ce dont je doute. Mais bon, qui sait, ce sentiment identitaire tant attendu pourrait bien profiter de cette fenêtre pour se montrer le bout du nez. Dans le calme, je l'espère.

Ce serait bien.

mercredi 5 septembre 2007

Une honnête proposition.



Renart et moi avons eu quelque heurts (ici et ici) en ces temps de réflexion sur les accomodements raisonnables. Je sens que nos perceptions respectives risquent de se heurter sur la place publique, alors j'ai pensé entamer une correspondance entre blogues, pour les quelques mois à venir, histoire de mieux comprendre et de mieux débattre des questions comme l'immigration, l'identité nationale, et tout ce qu'on ose pas se dire tout haut.

Dernièrement, je me faisais la réflexion à savoir que, lorsque la droite économique n'arrive pas à imposer sa doctrine dans une société social-démocrate par la propagande économique (dette, lucides, etc.), elle attaque un système sur des sujets à caractère racial, comme ce fut le cas dans les sociétés scandinaves et en France ces dernières années. L'ADQ a capitalisé sur cet aspect lors de la dernière élection, alors que cette question était loin d'être au coeur de son programme .

Les prochains mois risquent, à moins qu'on ait affaire à un pétard mouillé, d'être vachement émotifs. Dans un "worst case scenario", ça peut déraper salement. Gérard Bouchard, comme son frère, ne semble pas faire dans la dentelle, et sa première attaque envers l'intellect des Québécois démontre qu'il peut être une solide bougie d'allumage à un merdier géant.

Et là, mon meilleur pote, dans un billet sur le civisme, pointe du doigt les "Autres" dans des situations que lui et sa douce ont vécu dernièrement. En tant qu'ancien membre du Groupe d'action politique des Québécois issus de l'immigration (stie que c'est long) du PQ, et ayant participé à la semaine d'actions contre le racisme en 2005, je peux vous dire que la tension grimpe des deux côtés. Si la Commission est l'endroit où "ethnos" et "pure laine" se disent vraiment ce qu'ils pensent les uns des autres (et je suis foutrement bien placé pour le savoir), attachez-vous comme il faut.

J'invite donc mon ami Renart à poursuivre le débat sur son blogue. Je lui répondrai ici. Pas comme un duel, mais bien comme une conversation entre deux chums qui se voudra "désamorçante" au cours de mois qui risquent de nous heurter tous et chacun avant, pendant et après la Commission sur les accomodements raisonnables.

J'espère qu'il acceptera.