samedi 13 octobre 2007

Essai expérimental sur la pauvreté (seconde partie)

Écrit sur la pancarte : I need a miracle.


Premier étage : Le fond du baril


Pour vous mettre en contexte avant de parler du premier niveau de la pyramide, je voudrais introduire un élément important: la perception des personnes pauvres et leur motivation, D'autre part, je voudrais préciser que ceci n'est pas un essai sur comment faire pitié. Je n'ai absolument pas l'intention de me plaindre, puisque j'assume régulièrement un certain risque, et que je m'en sors tout le temps, comme c'est déjà le cas. Ce qui n'est pas une réalité pour tout le monde. Et le but de tout ce dossier, c'est de démonter les mythes, dénoncer les faiseurs de mythes et proposer un chemin plus optimisé par lequel passe l'évolution d'une société un tantinet intelligente. Parce que beaucoup trop de gens souffrent (et pas seulement les pauvres) pour rien, et ça, ça me gosse sérieusement.

L'argumentaire des détracteurs de la hausse de l'aide sociale, des prêts et bourses ou de toute aide étatique à la survie, repose sur un élément : la motivation au travail. Du gouvernement aux organismes en employabilité en passant par le patronat, sans oublier les Adéquistes, tout le monde semble convaincu d'une chose : toute augmentation des seuils d'aide au revenu génèrerait, de par l'absence de motivation des "prestataires", un phénomène de rétention, c'est à dire que les gens accrocheraient.

Or, j'ai pu un jour, dans le cadre d'un procès intenté au gouvernement sur une cause d'aide sociale fort intéressante (celle de la comptabilisation des pensions alimentaires comme revenu), discuter de cette question avec un haut fonctionnaire au Ministère de l'emploi et de la solidarité sociale. Il venait d'affirmer au Tribunal que (citation libre) "on aurait tendance à croire que d'exempter la pension alimentaire aux fins du calcul des revenus d'un parent créérait un phénomène de rétention à l'aide sociale".

Rewind... "On aurait tendance à croire que". Au moment où l'on se parle, il y a des génies qui basent la politique de survie des plus mal pris de notre société avec des "on aurait tendance à croire que". Le troisième plus gros ministère du Gouvernement, avec plus de 5000 employés qui nous coûtent une beurrée, base son fonctionnement sur des présomptions on ne peut plus stupides. Aussi stupide que de croire que l'homme est supérieur à la femme, chose qui semble incontestable chez-nous aujourd'hui, alors qu'il y a 50 ans...

Que dirait Abraham Maslow de ces génies du gros bon sens?

Premier étage : Les besoins physiologiques



Se dit des besoins de notre corps :

Manger, boire, température à 37,2 degrés C., respirer, excréter...
Selon Maslow, si un seul de ces besoins n'est pas comblé, ce besoin domine la conscience du sujet jusqu'à satisfaction. S'il y a gratification de l'ensemble des besoins physiques, la conscience passe au stade deux.

Peut-on demander à quelqu'un qui a faim, froid, envie de chier, d'être motivé à quoi que ce soit d'autre tant que ces besoins ne seront pas satisfaits?

Non.

Observez-vous, quand vous manquez de sommeil, quand vous n'avez pas mangé de la journée, quand vous vous les gelez à l'arrêt d'autobus. Je ne connais pas de gens qui arrivent à rester compétent et/ou de bonne compagnie (hum, oui, la pourdre) dans un état de manque physiologique. J'ai rencontré des centaines de personnes durant ma brève carrière d'attaché politique qui se trouvaient littéralement écrasés à ce niveau, et le constat est incontestable : L'idée selon laquelle un être humain en état de survie sera motivé à avancer dans la vie semble tirée de la théorie créationniste.

Maslow 1
Génies du Ministère 0

















(Prochain billet : Deuxième étage, tout le monde descend)




2 commentaires:

françois a dit...

"Que dirait Abraham Maslow de ces génies du gros bon sens?"

Et qu'en disent nos élus qui se suivent aux Ministères et au bureau du PM?
Et qu'en disons-nous nous-mêmes à chaque nouvelle élection?

Cercle vicieux... à cause de la masse qui refuse prendre le temps de constater et de courir le risque de déranger ses routines de consommation.

Ça prend un héro pour générer ce constat à l'échelle nécessaire. Tes expériences passées et ta plume semblent te "tagger", mon chum. hehe

Sérieusement, bon texte. Voyons le reste...

Anonyme a dit...

Bravo pour ton approche, nous te lirons avec intérêt!

Nepher
http://bepheretnepher.blogspot.com/