dimanche 14 octobre 2007

Essai expérimental sur la pauvreté (troisième partie)


Deuxième étage; tout le monde descend!

Bon, bien mangé, bien bu, pouf, l'ascenseur des besoins monte vers le deuxième étage. Bienvenue au royaume des besoins de sécurité. J'aimerais toutefois apporter une nuance quant à l'affirmation comme quoi tant et aussi longtemps qu'un besoin n'est pas comblé, il est impossible de progresser à l'intérieur de la pyramide. Il serait plus précis d'affirmer que, bien que la conscience soit dominée par un besoin de niveau inférieur, ce besoin n'occupe pas nécessairement la totalité de la conscience. Ceci étant d'autant plus vrai dès qu'une personne a accédé ne serait-ce qu'une fois à un niveau supérieur de la pyramide.

Au deuxième étage de la pyramide de Maslow, se trouvent les besoins relatifs à la sécurité. Se protéger des éléments avec un toit sur la tête, préserver sa sécurité et celle de ses proches, savoir qu'on aura un job demain, qu'on arrivera à payer ses comptes à la fin du mois,bref, on peut faire une liste infinie des besoins relatifs à la sécurité.

Or, un bref survol de notre société industrialisée nous permet sans l'ombre d'un doute d'observer, plus particulièrement depuis 2001, une incitation médiatique à peine voilée à l'insécurité.

Des amis du Couac avaient fait, en 2003, une analyse du contenu d'un journal télévisé. Vous pouvez faire la même chose aujourd'hui. À cette époque, seul 31% du téléjournal de six heures de Radio Canada, contenait des informations pertinentes, et dans ce nombre, l'analyste avait inclus les topos sur les gang de rues et autres faits divers tendancieux. 28%, soit presque l'équivalent, était consacré aux meurtres et accidents.





Dois-je vous faire un dessin ou la longue explication du conditionnement classique, initié par Ivan Pavlov? Il me semble évident que de bombarder le public d'images et de sons associés à la peur ne peut que renforcer un sentiment d'insécurité. Mais bon, un dessin:
Ce qui m'amène à faire plusieurs questionnements sur la pertinence de l'information.

Quel besoin ai-je de savoir :

-Qu'un meurtre a eu lieu quelque part?
-Qu'on soupçonne une dizaine d'inconnus (sans les accuser) de planifier un attentat terroriste?
-L'effet de certains produits radioactifs s'ils étaient utilisés dans une bombe sale?
-Que deux (ou plus) voitures se sont rentrées dedans, peu importe où?
-Que j'ai une chance sur 18 million d'être frappé par la foudre?
-Qu'un fou a tué une personne et en a blessé 10 autres dans une école?
-Qu'une personne de 100 ans est morte de la grippe?

Par exemple, je viens de lire que, suite à l'enlèvement de la petite Cédrika, 20 000 parents ont fait ficher leurs enfants par la police et la Fondation enfant-retour. Ça me laisse une impression étrange. N'y a t-il pas quelque chose de fondamentalement dérangeant à ficher ses citoyens, dans une société démocratique, même soi-disant pour leur sécurité? Selon LaPresse,

"En 2006, 86% des 7317 mineurs portés disparus au Québec ont été retrouvés en moins de sept jours. La majorité des autres manquent toujours à l'appel. Les cas d'enlèvement par un étranger ne constituent que 1% des disparitions."

Ma question : Doit-on, comme société, se mettre à avoir peur parce que 73 mineurs (dont
beaucoup d'ados en fugue), donc approximativement 1 cent millième de la population, disparaissent? Doit-on ficher tous les Montréalais parce que 50 personnes par année se font tuer?

Quelque part, dans de beaux bureaux, avec un mini bar, une armoire à cigares et des amuses-gueule, on a décidé de jouer au chien de Pavlov avec nous. Ce qui m'amène à l'effet Pounette. En fait, ça porte sûrement un autre nom, mais c'est une expérience que j'ai pu constater avec une de mes chattes, Pounette. Chaque fois qu'un évènement lui fait peur, même un petit sursaut de rien, Pounette fait quoi, vous croyez? Direction : le plat de bouffe.

D'un autre côté, entre le moment où elle prend la fuite et celui où elle se rend au plat de bouffe, Pounette reste pendant un certain temps immobile, attendant de voir si tout s'est estompé. On parle ici d'
Inhibition d'action.

Donc, suite à une peur, il y a d'abord Inhibition d'action, puis Consommation.

Considérant notre société, on remarque que, d'une part, nous laissons aux autres (gouvernement, professeurs, médias, religion, critiques cinéma et autres) le soin de réguler le bon et le mauvais et de simplifier le plus possible nos choix, et de l'inhibition d'action face à la communauté, nous passons à l'acte de consommer en tant qu'individu ou noyau familial. Ça semble, à première vue, un mécanisme efficace et équilibrant.

Mais, tant que nous carburons à l'insécurité, nous demeurons pris au 2è étage.

Imaginez maintenant dans quel état se trouve une personne qui n'a pas suffisamment d'argent pour se loger/payer ses obligations, et qui, de surcroît, n'a pas les moyens de consommer. Selon les infos dont je disposais à l'époque, en 9 mois, une personne qui tombe sur l'aide sociale commence à développer des problèmes de santé mentale. La consommation de Ritalin des enfants dont les parents sont sur l'aide sociale est en train d'exploser. Le taux d'absentéisme (burn out et autres) des gens (de la classe moyenne) qui ont a gérer ces clientèles dans la merde est lui aussi en train d'exploser. Ça ne vous sonne pas des cloches? Commencez-vous à voir le nuage noir?

(à suivre : vent de folie, dépenses stupides)


4 commentaires:

Renart Léveillé a dit...

T'es pas ben ben mieux que le Téléjournal toi! Hé hé!

Ha ha! L'effet Pounette! Moi je dirais plus l'effet Caliméro! (C'est un des chats à Douce.) Et moi je suis le fauteur de trouble, d'où vient toute son insécurité. Aussitôt que je marche dans l'appart, il court tant bien que mal vers son bol de bouffe et mange. Et c'est vrai qu'il regarde toujours autour si tout va bien avant de manger. Mais il faut dire que Caliméro est un chat déficient, je ne sais pas trop si ça joue?

Eric Bondo a dit...

Lol, Maslow s'adresse à tous, déficients ou non.

Tu as très bien observé. La peur fait consommer, et il est sûrement plus facile de sombrer dans la terreur si on manque de ressources, qu'on soit chat ou humain. Regarde Georges Bush. Quel est le mot qui sort le plus souvent de sa bouche, à part Nucular (pas capable de dire Nuclear)? Terror!

françois a dit...

"Regarde Georges Bush."
Y doit tout-le-temps être en train de manger, lui...
Pourtant, y'a pas l'air de prendre du poids!

Quoique, on peut certainement trouver un lien entre la bouffe à l'excès et le stress vécu par ces mangeurs extrèmes. Le stress brûlant beaucoup de calories, est constamment comblé par de la bouffe, qui en redonne.
Donc, pas de surpoids pour les peureux qui expriment leurs peurs sans retenue.

Et donc, les gros ne stressent pas assez.
Je me demande si ça serait gagnant comme remède à l'embonpoint: Des pillules de peurs. Et pour les vrais obèses, la pillule terror attack. Le double des calories envolées!

Eric Bondo a dit...

Au contraire, il paraîtrait que le stress dérègle (encore une fois) un certain fonctionnement à ce niveau là.

Mais si c'était vrai, alors le pays de l'Oncle Sam ne peut que bénéficier positivement du "terror threat level".