mardi 25 décembre 2007

La paix de Noël





Ahhhh, vive la paix de Noël. Il n'y a pas eu de véritable Noël pour moi, dans ma demeure ou ailleurs depuis, quoi, quinze ans ou même plus. Ou plutôt, peut-être que je vis, depuis ces quize années, le parfait bonheur de Noël. Aucun stress, moins de 100$ de dépenses, pas d'ostie de musak de Noël et du plaisir. Comme si ça devait être compliqué.

Parfois, je fais un souper des orphelins de Noël, ces amis qui comme moi n'en n'ont rien à foutre. Alors on parle de tout, sauf de Noël. Bon, oui, quand à un moment donné quelqu'un se rend compte qu'il est minuit, on fait un toast et on reprend là où la conversation s'était arrêtée:


"Je pense pas que Bush va pouvoir attaquer l'Iran, trop d'agences gouvernementales sont contre lui.

-C'est une question de semaines, de mois, j'te dis!

-Non mais tu trouves pas que c'est mal parti? Que le monde voit clair?

-Pentoute! La majorité des Américains est prête à attaquer l'Iran.


-Bon, ben qu'ils s'essaient; on regardera le show, comme d'habitude. Ça risque d'être plus intéressant, à coup de champignons atomiques.

-Ouais mais les vents dominants s'en viennent jusqu'ici. On aurait aussi un hiver nucléaire.
-On a juste à checker les patterns de vent et trouver un spot plus sûr. Au pire, on demandera asile au Nunavut.

-Ouain, va falloir que je me mette à aimer le poisson, et le phoque. On aura plus d'oranges à Noël, boouuuh!


-Crétin.


-Encore un peu de Vodka-Fresca?


-Double, s'il te plaît. C'est bon en ciboire le Fresca, moi qui n'aime pas l'amertume du pamplemousse.


-Christ, vous aviez acheté de la bouffe pour les fins pis les fous! Ça a dû être l'enfer d'aller faire cette épicerie là...

-Du tout, dimanche soir, à dix heures et quart, le Provigo était vide. Je connais pas ça, la folie des fêtes. Et j'ai trouvé la meilleure façon d'éviter ça: Rien d'organisé, je m'achète de la bouffe la veille et s'il y a du monde qui ne font rien, on se ramasse quelque part et on se paie une virée entre gens qui s'aiment.


-Oui, mais la magie des enfants?

-Voir des minous capoter devant une canne de thon, c'est un moment de bonheur aussi..."

Bof, à 3 ans, j'ai, pour la première fois, découvert le pot au roses (mes cadeaux et le mensonge de Noël) en ouvrant la porte du garde-robe de la chambre de mes parents. Ce fut la première d'une longue série de Noëls où j'avais accès, moyennant des talents d'agent secret, à mes cadeaux deux-trois semaines avant Noël. Cette année là, j'avais fait un trou dans la boîte de ma future moto "Evil Knievel" et, avec ma petite main, je touchais le jouet, le palpais, m'imaginais tout ce que j'allais pouvoir faire quelques semaines plus tard.

Et le père Noël. Je ne me rappelle pas si je l'avais fait remarquer à la famille, mais je me rappelle bien avoir reconnu mon oncle Jacques sous la fausse barbe. Faut dire qu'il avait une voix facile à reconnaître. Mais j'ai joué le jeu pendant des années avec les multiples émules du Père Noël; l'important était uniquement d'avoir mon ou mes cadeaux. Le bâton et la carotte. Sois sage et cadeaux tu auras.

Aujourd'hui, je regarde la période de l'Avent comme le visiteur d'un zoo. L'homo consumeris est une bête ma foi étrange, voire stupide, mais sa façon de rationaliser sa bêtise est tellement touchante que je ne peux que l'aimer, comme j'aime mes chats. Ils ne comprennent pas grand chose à la raison, mais quand leurs yeux s'illuminent au son d'une canne de thon qu'on ouvre, je me sens comme le père Noël qui voit les petits de l'Homo Consumeris ouvrir leurs cadeaux.

À 0,99$ la canne, mes chats fêtent Noël une fois par semaine, eux. Quant à l'empreinte écologique, de cette grande fête hebdomadaire, je peux gager qu'elle est minîme.


"Et toi, et toi, direz-vous? Tu n'aimes pas ça les cadeaux?"





Eh bien, en tant que cousin de l'Homo consumeris, nous n'avons pas les mêmes moeurs. Si je ne possède pas quelque chose, c'est que je n'en ai pas besoin. Au cours des dernières années, quand ma mère me demandait ce que je voulais pour Noël, ça me prenait six mois à répondre et on était arrivé à ma fête. Elle s'est tannée et m'offre maintenant un certificat cadeau pour m'acheter du linge. Ça fait mon affaire; un certificat cadeau me sert au moment où j'en ai besoin, et du linge, je finis toujours par en avoir besoin. Les employés de chez Simons me font toujours une drôle de gueule quand j'arrive avec un certificat cadeau qui date de 4-5 mois, mais bon, faut y aller quand faut y aller (sic), pas avant.



Sur ce, bonne chance dans vos mille activités dans vos cinquante familles reconstituées à faire en moins de 2 jours. Je m'en vais commencer une nouvelle série télé, bien peinard.

3 commentaires:

françois a dit...

Bien dit, tout ça, mon pote!

Je suis juste plus dur que toi à l'endroit d'homo consumeris. Le fait est que le chat, lui, n'a pas la faculté de raisonner.
HC, lui, a cessé de raisonner depuis belle lurette.

Ce souper des orphelins fut génial, Éric.
Thanks again, à toi et ta douce.

Renart Léveillé a dit...

J'ai bien aimé cette intrusion de ton bord.

Je peux te dire que l'Homo consumeris, je l'ai cotoyé hier et avant-hier...

gaétan a dit...

Parlant de tv et de noel, à t-q il y avait le magnifique ''Alexandre le bienheureux'' le 24 au soir....
Film merveilleusement choisi en cette veille de célébrations de la surconsommation.