jeudi 27 décembre 2007

Vivre dans la "Zone"

J'espère que vous avez bien digéré la dinde, la farce et le vin Auberge. Mis à part un moment de stupéfaction en apprenant la mort de Benazir Bhutto ce matin, mon bonheur se poursuit. Je suis, plus ou moins de façon constante depuis hier, dans la "zone". Vous savez, cet état mental qu'on retrouve souvent chez les sportifs de grand niveau et qui correspond, selon Mihaly Csikszentmihalyi, au Flux, sensation de facilité mêlée à un sentiment de confiance suraigüe. On pourrait aussi appeler cela la présence.

Comme mon ami Renart le fait ici sur son blogue, je vous propose d'abord trois excellents livres d'où je tiens cette nouvelle approche de la vie. Je poursuivrai sur la question de la "zone" dans un prochain billet, histoire d'expérimenter pendant encore quelques jours et dans différents contextes.

D'abord, un classique:
Krishnamurti, Le livre de la méditation et de la vie.


Pas tout à fait accessible à tous les intellects, mais en même temps, je dirais que ça doit marquer l'inconscient de tous et chacun suffisamment pour opérer une prise de conscience. Sauf que je peux comprendre pourquoi j'ai mis autant de temps (des années) avant de me lancer sérieusement dedans. Thèmes abordés : la souffrance, le désir, l'amour, la mort, à partir d'une perspective que je qualifierais de déconstruction de l'égo et de la prison du mental.



Second bouquin, un autre incontournable des chercheurs de non-sens :
Lao-Tseu, Tao Te King, le livre de la voie et de la vertu.

Encore une fois, faut avoir envie de se lancer, parce qu'on aborde la question du sens d'une façon si en phase avec la linéarité à laquelle est habitué notre esprit. Ça fucke la tête assez rapidement, mais c'est très court. Comme pour Krishnamurti, la compréhension se fait par infusion. Déposer le livre après l'avoir lu, c'est comme mettre l'eau bouillante sur la poche de thé. Laisser infuser quelques temps et ça devient plus clair.


Surprise de Noël

Ma blonde a laissé traîner (un bien grand mot) le prochain livre dont je vais faire la présentation sur la table de chevet pendant plusieurs semaines. Je dis traîner, mais elle le lisait à petite bouchée (l'ayant déjà lu). Je ne devais pas être dû avant, mais je n'avais aucun intérêt à même lire le résumé derrière, tant la couverture me laissait indifférent. Les choses ont changé, par un pur hasard. Ces temps-ci, je fais pas mes nuits. Je me suis donc retrouvé incapable de me rendormir hier matin après un réveil causé par je ne sais quoi, et c'est là où j'ai fait le saut.
Je me suis dit, et je ne blague pas : "ce livre a tout à fait l'air d'un somnifère, ça ne peut pas nuire."
Une demi-heure plus tard, j'étais comme si je venais de vivre l'illumination.

(roulement de tambour)...


Eckhart Tolle, le pouvoir du moment présent.

L'auteur, un être lumineux qui ressemble un peu à un farfadet sur l'Extasy (je vous le jure), nous fait prendre conscience des bienfaits de mener une lutte sans merci à notre MENTAL. Ce qu'il nous explique, avec, ma foi, un verbe accessible et un concept de "Questions/réponses", c'est un peu comme s'il existait deux êtres en nous. En mes mots, je dirais l'essence, soit ce que vous êtes profondément. Ensuite l'égo, qui serait en sorte la personnalité du corps, existant dans l'espace temps et passant tout ce temps à effectuer des analyses et des calculs pour tout expliquer. L'erreur que nous ferions tous, serait de nous identifier à l'égo, qui lui n'a d'autre intérêt que de préserver l'enveloppe (d'où mon appellation de "personnalité ou identité du corps".

Voici l'exemple tiré du livre pour expliquer en de mots simple comment on peut ressentir ce concept. Dans un moment de profonde dépression, l'auteur se dit :

" "Je ne peux plus vivre avec moi-même". Cette pensée me revenait sans cesse à l'esprit. Puis, soudain, je réalisai à quel point elle était bizarre. "Suis-je un, ou deux? Si je ne réussis pas à vivre avec moi-même, c'est qu'il doit y avoir deux moi : le je et le moi avec qui le je ne peut pas vivre. Peut-être qu'un seul des deux est réel?". Par la suite, Tolle fait ce qu'on pourrait appeler un effondrement de l'égo. Réussissant à faire taire le babillage incessant de l'esprit simplement en portant son attention sur le babillage en soit, il dresse son mental et découvre la béatitude de l'instant présent.

Comme là, en ce moment. J'écris, je suis au chaud, je vis ce moment dans une clarté certaine, et je ne pense à rien, si ce n'est qu'à chaque mot qui "sort" de mes doigts. Je ne me demande pas ce que vous pourriez en penser, ni si l'idée générale du billet portera. Je ne fais qu'écrire et, si je ne pense ni au passé (à partir de la seconde qui vient juste de s'écouler), ni au futur (quel phrase poursuivra celle-ci), je ne peux qu'être heureux. Le ressassage et/ou l'anticipation ne peuvent que générer le malheur, la colère, l'anxiété, etc. , mais en même temps, l'égo existe pour et grâce à l'espace-temps.

Autres extraits forts pertinents :

"Essentiellement, le mental est une machine à survie. Attaque et défense face à ses « congénères », collecte, entreposage et analyse de l'information, voilà ce à quoi le mental excelle, mais il n'est pas du tout créatif. Tous les véritables artistes, qu'ils le sachent ou pas, créent à partir d'un état de vide mental, d'une immobilité intérieure. Puis, c'est le mental qui donne forme à l'impulsion ou à l'intuition créative. Même les plus grands savants ont rapporté que leurs percées créatives s'étaient produites dans des moments de quiétude mentale."

"Si vous voulez vraiment apprendre à connaître votre mental, observez l'émotion, ou mieux encore, ressentez-la dans votre corps, car celui-ci vous donnera toujours l'heure juste. Si, apparemment, il y a un conflit entre les deux, la pensée mentira alors que l'émotion dira la vérité. "

Pour ceux et celles qui seraient intéressés à faire fermer la gueule de cette petite conversation mentale incessante qui nous ramène dans le passé pour appréhender dans l'angoisse l'avenir, vous pouvez trouver un long extrait du bouquin ici.

En ce qui me concerne... bon, j'arrive à la faire taire une minute à la fois. Et à chaque fois, c'est comme une heure de pur bien-être. Imaginez une semaine... une vie. Cela dit, comprenez bien que Tolle ne nous dit pas de devenir itinérants et de passer sa vie à regarder tomber les flocons de neige. Simplement que... essayez de ne pas penser pendant une minute. Zéro, niet, flatline. C'est parfois plus dûr que de passer un lacet dans le chas d'une aiguille à coudre standard. Du moins, ça m'a pris 34 ans, mais là je trippe. Dès lors qu'on pénètre le territoire de la "non-pensée", la lucidité, la clarté, prennent le relais. C'est encore mieux, non?

Pendant que vous méditez là-dessus quelques minutes, je me pousse pour aller ne pas penser à tout ça. Si c'est cette étape là de mon texte qui vous intéresse (le "je me pousse"), je vous recommanderais "Éloge de la fuite", d'Henri Laborit. Héhé.

Et pour être conséquent, je ne me relirai pas.

1 commentaire:

Renart Léveillé a dit...

Ça m'a tout l'air d'une très bonne lecture à faire ça, le dernier livre dont tu nous parles. Étant un gars à la base assez émotif, mais qui tend vers un regard plus objectif de la réalité, cela me rappelle de ne pas oublier ce côté de moi, si je puis le ou les nommer de cette manière.