
Il y a quelques semaines, dans mon billet intitulé "Any dumb quebecer", je faisais un petit aparté sur l'ex PDG d'Hydro Québec, André Caillé, qui espérait se lancer en politique provinciale, possiblement aux couleurs de l'ADQ.
J'apprends cette semaine que ce sympatique monsieur cherche une "maison pour ses idées". Selon ce texte de la Presse,
"André Caillé, ancien président-directeur général d'Hydro-Québec, brûle de faire le saut en politique, mais a affirmé jeudi ne pas avoir encore trouvé un parti provincial ouvert à ses idées controversées sur les tarifs d'électricité et l'aide sociale."
Écoutez ce qu'il dit sur l'aide sociale :
«Je dois être vraiment à droite, parce que pour moi, l'aide sociale, ça doit être ciblé et ça doit être transparent, a-t-il lancé. Ça ne peut pas être universel et pour toujours. Faut que ça soit ciblé, transparent et temporaire. Ça ne marchera pas, notre affaire. Ça va exploser, ce système-là. Ce n'est pas vrai qu'on va être capables de maintenir l'équilibre des finances publiques, même pas à moyen terme, si on n'est pas capables de se dire ça.»
Je lance aujourd'hui des fleurs à tous les chefs de partis qui ont levé le nez sur André Caillé. Pour une fois, ils ont fait preuve de flair. Rejet d'une candidature pas très payante.
Sur la question de l'aide sociale, André Caillé est dans l'ignorance la plus pitoyable. Point à la ligne. Il se fait le perroquet de la pensée facile, prise dans une boîte, partisan de l'objet avant l'humain. Manque de jugement? Malheureux.
Ciblé, transparent et temporaire.
Si M. Caillé avait un tant soit peu le souçi de cohérence, il lirait les statistiques de l'aide sociale au lieu de lire les textes d'opinion du Fraser institute pour se faire une idée, au lieu de prendre pour du cash certains monologues de Patrick Huard (être humain que j'adore en passant et avec qui je partage en différé une expérience unique en son genre).
La durée de séjour à l'aide sociale est proportionnelle à : l'âge du prestataire, son niveau de scolarité et son expérience professionnelle. Les jeunes passent en moyenne 3 mois à l'aide; les personnes de 45 ans et plus y sont pratiquement condamnés, faute de diplôme d'études secondaires et de volonté d'embauche du marché du travail. Y a un million de personnes au Québec qui ne savent ni lire ni écrire. Ils se retrouvent où, d'après lui?
Il faut en tout cas que M. Caillé finisse par comprendre une couple de trucs. Premièrement, en politique, si notre face ne revient pas à l'électorat (j'essaie d'imaginer le nombre de joints à lui faire fumer pour en tirer un sourire sincère), on se doit d'avoir des idées révolutionnaires et géniales. Deuxièmement, on doit se comporter en tant que futur représentant des citoyens, pas en Père Fouettard méprisant qui prend ses idées dans un chapître d'une version cheap de l'ancien testament, genre la Genèse. Pas surprenant que ses idées soient dans la rue. Je ne leur donnerais même pas 100$ par mois. S'il compare les personnes assistées sociales à ses idées, je comprends qu'il veuille mettre la hache dans le système.
Et, troisièmement, si on apprenait que moi, comme gérant d'un bar, je pars tous les soirs en laissant les portes déverrouillées sans activer le système d'alarme pendant dix ans, malgré les recommandations d'experts, non seulement je me ferais congédier, mais on ne me redonnerait plus de responsabilités du genre pendant un méchant bout. Sans parler des références à oublier.
Que Maître Caillé sur son arbre perché fiche la paix aux Québécois. Qu'il aille produire une téléréalité en se mettant lui-même sur l'aide sociale pendant une couple d'années, juste pour voir. Lui ou quiconque. Parce que, entre nous, si on regarde la séquence et la gravité d'erreurs qui ont mis fin à sa carrière à Hydro, n'importe qui de la classe moyenne aurait eu à quémander à genoux un boulot de misère. Non, pour Môssieur et ses amis, ça ne marche pas comme ça.
En haut, quant t'es mauvais, tu pars avec dix ans de salaire, un doctorat Honoris Causa et un meilleur job qui t'attend à la porte alors que tu sors tes boîtes.
Vous savez, c'est pas ça qui me dérange vraiment. Moi, ce qui fait défriser mes cheveux crépus -et sachez que c'est une expérience en soit très désagréable-, c'est quand un de ces individus de la haute vient faire la leçon aux strates plus basses d'humains de leur société.
"Why don't you try walking in our shoes or just shut the f... up?", ai-je envie de lui dire au nom de la cinquantaine de silencieux qui vont crever de faim et de froid dans nos rues cet hiver?
Vous n'en avez pas marre, de tous ces donneurs de leçons à 2000$ et plus de l'heure qui sautent de méga-job en méga-job, qu'ils aient été congédiés, non renouvelés, peu importe, qu'ils aient été ordinaires ou pourris? De ceux qui, à moins de finir en prison, vivent toute leur vie au paradis, nous font la morale et nous demandent de NOUS serrer constamment la ceinture?
Le monde à l'envers, je vous dis.
AJOUT : mercredi matin...
Je viens d'apprendre que Monsieur Caillé serait candidat à la partielle dans Bourget. Hmm, devrais-je songer à poser ma candidature à l'investiture péquiste, histoire qu'enfin un de ces méprisants personnages frappe un mur, surtout dans cette circonscription loin du titre de plus riche de Montréal? Amis lecteurs, je m'en remets à votre intuition.