vendredi 8 juin 2007

Bipolarité environnementale et Formule 1

Je viens de tomber sur un texte de la presse(sic), gracieuseté de Cécile Gladel, qui, je trouve, est un exemple navrant (pas Cécile, le texte) de cette tendance à se dire à la fois pour et contre la vertu, histoire de pouvoir paresseusement profiter de ses vices tout en ayant bonne conscience. Les paradoxes assumés. Le paradoxe assumé dans ce cas-ci est une façon de faire taire tout commentaire visant à dénoter une incohérence difficilement excusable, généralement associée à une incapacité à se passer de quelque chose. Autrement dit: une dépendance.

Tout ceci me laisse perplexe, et triste à la fois.

J'ai l'impression d'entendre des militants pour les droits civiques des noirs dire qu'ils aiment le Ku Klux Klan parce qu'ils ont de beaux costumes et que leurs croix flambées font de beaux spectacles.

La F1, prouvez-moi le contraire, c'est le symbole même de la société de consommation irresponsable, de l'objet lui-même (automobile, vitesse et compétition extrême) à ses produits dérivés par milliers, la folie dépensière en accéléré qui entoure chaque grand-prix, dont les commanditaires principaux sont souvent des pétrolières ou des compagnies de tabac -tout ça pour seulement 75 millions de retombées, la plupart en bouffe, alcool, et cochonneries promotionnelles. Et effectivement, le rôle de la femme s'y résume souvent à poupée de service parce que ça ne dérange personne suffisamment.


Et c'est peut-être tant mieux. La grande majorité d'entre elles auront assez d'intégrité et d'intelligence pour éviter d'encourager une énièmè forme de divertissement abrutissante (juste le son vous fait fondre le cerveau), dévastatrice pour l'environnement et qui les considère comme des dindes à farce. Les autres, c'est leur choix: le beurre, l'argent du beurre...fuck l'environnement.

Ce dont l'environnement a besoin, et de toute urgence, c'est peut-être moins de paradoxes "assumés" (ah, la bienséance) et plus de cohérence. D'intégrité. Et de gens qui font des choix. Certes, l'absence de F1 dans la vie d'un fan peut créer un vide. Continueriez vous d'acheter les disques d'un pédophile abuseur condamné parce qu'il chante comme Ben Harper? Même pas après sa "totale" réhabilitation? La vie doit être facile quand on est comme ça.


Avec un marché si "captif", les voeux pieux de la F1 en environnement ne servent probablement que de campagne de marketing pour être dans l'air du temps, et les fans écolos ne demandent pas mieux que de savoir leur conscience soulagée que quelqu'un, quelque part, fait quelque chose.

Comme d'habitude.

Ce qui est pire, dans ce cas précis, c'est que même des activistes écolos font d'une aberration environnementale un petit péché mignon, histoire de justifier le refus de s'en passer. Au point où nous en sommes, les demi-mesures ne suffisent plus; qu'on me lâche avec les paradoxes assumés, pas de cette ampleur. Et malheureusement, si on a le culot de se dire écolo, on a le devoir de montrer l'exemple, pas de se dissimuler derrière un concept aussi obtus que le paradoxe assumé.

4 commentaires:

Cecile Gladel a dit...

Je trouvais que mon article n'avait pas eu trop de retombées...bon enfin une....
Mais vous allez retirer ce que vous dites de moi lorsque vous saurez que je suis l'une de ces écolos amatrices de F1...
Désolée mais je ne crois pas qu'être écolo veuillent dire être parfait. Personne ne peut être parfait...
Chaque personne a une passion dans la vie qui lui permet d'être heureuse. La F1 existe. Ce n'est pas comme si je possédais une moto-neige ou une voiture polluante.
Et puis si le cirque de la F1 est le symbole de la consommation et du sexisme ( ce que je reconnais), qu'en est-il des autres sports ? Combien de supporters de Football, de hockey, de base-ball et autres se déplacent en voiture jusqu'au stationnement des stades ?
La F1 entend changer et je suis totalement persuadée qu'elle entraînera des changements positifs pour l'ensemble de la société en modifiant nos propres voitures. La F1 l'a fait pour plusieurs fonctionnements des voitures actuelles...
Si vous avez bien lu l'article, vous savez que ces écolos préconise le "verdissement" de la F1. Ça s'en vient...
Moi je revendique le droit d'avoir une passion. Que vous ne la partagiez pas ou que vous ne la compreniez pas c'est normal mais que vous la jugiez si durement j'ai du mal à l'accepter.Même si tous les écolos de la terre détestait la F1 comme vous, ça ne changerait rien. Sans rancune !

Eric Bondo a dit...

Eh bien, moi qui croyais que personne ne lirait jamais mon blog, excepté Renart, c'est une belle surprise.

Merci.

En tant qu'humain, habitant une planète au bord de nous foutre à la porte, c'est une passion que, dans son état actuel, j'ai de la difficulté à avaler.

Quand les règlements changent, peu importe l'ampleur, les constructeurs s'ajustent. Quand les amateurs en ont ras le bol, les règlements changent. Et quand les milliards sont là, les choses changent diablement vite.

Alors pas d'excuse. En 1992, après le sommet de Rio, ça passerait encore. Mais pas en 2007, au bord du gouffre.

Eric Bondo a dit...

Ceci dit, le jour où les F1 seront électriques -s'il y a des trains qui roulent à 800kmh je vois pas pourquoi ce ne serait pas possible-, je vous offrirai une paire de billets or pour le grand prix.

:)

Cecile Gladel a dit...

Une passion est une passion. On ne demande à personne de la comprendre. On l'assume :-)
et je prends note de votre invitation...Mais cela pourrait arriver plus vite que l'on pense...