jeudi 22 novembre 2007

Essai expérimental sur la pauvreté (quatrième partie)

Je sais, je sais, ce fut très, mais très long. D'abord, le travail, ensuite une vilaine bronchite, et puis un je ne sais quoi qui m'enlevait toute envie d'écrire (mon prochain billet en parlera plus à fond). Je devais quand même aller jusqu'au bout de cet essai. Il peut encore en sortir quelque chose de bon. Et j'aurai enfin couché l'ensemble de ma pensée sur la question.

Le complexe militaro-industriel de la pauvreté.

image provenant du site Theage.com.au

L'industrie de la pauvreté

La pauvreté est le terrain de bataille du complexe militaro industriel de la pauvreté. D'un côté, l'industrie de la pauvreté, c'est à dire les organismes charitables et leurs bailleurs de fonds, c'est à dire beaucoup de monde et surtout d'entreprises. Leur but, donner bonne conscience tout en occultant toute réelle possibilité d'éliminer ce qui leur est nécessaire, c'est à dire une masse de pauvres (environ 15% d'une population donnée) pour appliquer une pression continue à la baisse sur les salaires et les conditions de travail. L'industrie de la pauvreté, comme l'industrie "at large", dispose de beaucoup de moyens et de beaucoup de visibilité médiatique. Elle persiste à faire croire à la masse que les pauvres le sont par choix, sans égard aux principes physiologiques dont j'ai fait état dans mes billets précédents.


Photo provenant de www.csn.qc.ca

Les armées de la pauvreté


De l'autre côté, le complexe militaire de la pauvreté : les organismes de défense de droits. Ceux-ci détiennent aussi l'information et veulent la faire rayonner, mais, comme la gauche, à leur façon. Exit les vedettes; ce sont les pauvres eux-même qui doivent se libérer. Exit le glamour, la vérité doit être servie crue. Exit l'idée d'aller rassembler une masse critique de pauvres pour frapper la conscience collective, on se bat au compte-gouttes et toujours en réaction à de nouvelles politiques. On parle son propre langage plutôt que celui de la masse. Et on mène la lutte de la même façon qu'il y a quarante ans, malgré l'accumulation de défaites et de reculs.

Il faut dire que, des deux côtés du complexe militaro-industriel de la pauvreté, il y a des tonnes de gens qui deviendraient pauvres s'il n'y avait plus de pauvreté. Et des tonnes de gens qui digèreraient mal leur souper devant la réalité.

Et les pauvres, eux?

Pendant ce temps, les pauvres vivent littéralement aux portes de l'enfer. 1 an et demi à observer de haut au FCPASQ et 6 mois dans Hochelaga à côtoyer leur quotidien m'ont, tout d'abord donné mes premiers cheveux blancs, puis, fait prendre conscience que la réalité derrière les statistiques, déjà peu reluisantes, aurait pu me rendre fou tant elle était d'une inhumaine intensité.

Chaque jour, nos gouvernements infligent ou laissent subir à nos propres concitoyens des supplices physiques et psychologiques qui font que, si vous tombez à court de ressources financières, vous n'avez que quelques mois avant de commencer à souffrir de troubles mentaux et de maladies dont vous ne connaissiez même pas l'existence. Nos pauvres ne sont pas gras dûrs. Certes, il y en a. Mais je vous garantis sur ma tête que le pourcentage de riches qui usent de stratagèmes pour fourrer l'impôt est pas mal plus élevé que celui des assistés sociaux qui volent le gouvernement. Et Dieu sait que, dans un des deux cas, le faire constitue une situation de vie ou de mort. Et qu'un des deux groupes se pousse avec près du quart (sinon plus) du budget global de l'État Québécois. Pourtant, quand on parle de légiférer, lequel des deux groupes est celui qui écope?

La pauvreté entraîne la maladie. La maladie coûte cher à l'État. Le manque de formation coûte cher aussi. Mais, comme doivent penser certaines personnes, si on laisse les pauvres crever, tôt ou tard ils vont pogner quelque chose qui va nous contaminer. Alors on fait le minimum. Ça engorge le système de santé mais on trouve mille et une autres raisons de dire que le système est malade, de peur de déclencher une hystérie collective contre les pauvres, ou contre les riches eux-même. Quand on a besoin d'argent public, on prétend "serrer la vis", ça rassure le public mais ça tue des gens.

Nombre d'entre vous allez sûrement donner du temps, de l'argent ou des denrées pour les paniers de Noël ou le Club des petits déjeûners lors des prochaines semaines. Peut-être le faites vous régulièrement. Je ne vous dis pas de ne pas le faire, comme j'aurais pu il y a quelques années. Simplement que vous sachiez ceci : quand vous le faites, l'État se retire un peu plus de l'assistance immédiate aux pauvres. Certes, il y aura soulagement immédiat de la faim, de la solitude, mais l'année qui suit va être plus rude. Alors à qui la charité fait le plus de bien?

En terminant, amusez-vous:

JE TOMBE SU'L BS!
basé sur un jeu créé par le Collectif pour un Québec sans pauvreté

Vous tombez sur le BS, là, comme ça, dans la situation dans laquelle vous êtes. On vous donne 550$ le premier du mois et vous avez le droit de gagner 200$ dans votre mois. Il n'y a plus de job dans votre domaine et votre garde manger est vide (je vous laisse les condiments), pas de marge ou carte de crédit. Vous êtes un vrai pauvre.

Postez moi un commentaire dans lequel vous me donnez, grosso-modo, votre budget quotidien sur le modèle suivant.

1er : 400$ loyer, 75$ hydro, 30$ épicerie (505$), reste 50$
2: 25$ téléphone, reste 25$

et ainsi de suite.

Voyez combien de jours, avec vos obligations actuelles, vous pourriez survivre.


La suite, éventuellement...

2 commentaires:

françois a dit...

La grippe du blogueur...
Était-ce une bronchite?
Ou un vide d'inspiration? ;)

Ouin, dossier complexe.

Les pauvres sont depuis toujours perçus comme un boulet par la société. Pour le citoyen moyen, la question a été réglée de bonne et belle façon lorsque nous nous sommes procuré un Ministère de l'Aide Sociale. Laissé ainsi dans les mains pas toujours propres de nos élus et hauts fonctionnaires, l'aide sociale est devenue rien d'autre qu'une base de données remplie de faire-valoirs pour les plus verreux de nos leaders.

Représentativité de ce groupe auprès des élus:
- Quelques organismes (comme le FCPASQ) financés par le gouvernement et dans la majorité des cas déconnectés de la réalité vécue par leurs membres. Au fait, qui "nomme" les gens qui composent les voix de ces organismes? Certainement pas leurs membres.

Les riches sont de façon générale des "créateurs d'emplois". À ce titre, ils servent aussi les aléas personnels de nos politiciens dans leur éternelle recherche et consolidation du pouvoir. Cependant, l'approche utilisée par nos élus diffère de celle rattachée au groupe précédent pour les raisons décrites dans le paragraphe suivant.

Représentativité de ce groupe auprès des élus:
- Regroupements basés sur des secteurs d'activité, financés par ses membres (des corporations);
- Lobbyisme financé par ses membres (des corporations, individuelles ou en groupe);
- Financement - individuel et/ou corporatif - de partis politiques (et de candidats) lors des diverses et nombreuses campagnes.

Voilà où se situe selon moi la majeure partie du problème des pauvres. Le pauvre, on l'"écoute" aux quatre ans. Le riche, il peut se faire entendre des décideurs à chaque jour, même les jours de congés, via leurs "intérêts personnels communs".

À mon avis, on (citoyens) y gagnerait tous, incluant les plus pauvres d'entre-nous, si on arrivait à équilibrer les rapports de force de représentativité et à réellement contenir les écarts de conduite autour de nos élus.

Mais, dans un empire capitaliste aussi accompli que le nôtre, difficile d'envisager un retrait de pouvoirs des corporations au profit des plus pauvres; qu'ils soient des assistés sociaux ou leurs propres employés.

gaétan a dit...

Je ne pense pas que les gouvernements se retirent des programmes sociaux parce qu'ils y a plus de citoyens qui font du bénévolat auprès des défavorisés. Qu'on arrête d'élire des partis qui gouvernent comme des conseils d'administration.
Moi aussi je m'explique mal que les petits fraudeurs de b-s font la ''une'' des médias et méritent un dossier dans les journaux une semaine de temps alors que des centaines de millions de $$$ sont accordés à des entreprises qui font des milliards.